CARNET DE JUSTICE DU JDM. La peine que Saïd encourrait ce mardi après-midi allait s’ajouter aux 15 condamnations qu’il aligne déjà dans son casier judiciaire. On y trouve «tout l’arsenal juridique», selon les mots de la procureure : amendes, jours-amende, travail d’intérêt général, prison avec sursis, mise à l’épreuve, aménagement de peine, prison ferme… 15 condamnations essentiellement pour vol et pour violence entre 2004 et 2014. Mais manifestement, à 31 ans, Saïd n’a en pas tiré de véritables leçons pour modifier ses comportements.
Cette fois-ci, il est arrivé au tribunal encadré de 3 gendarmes car il a été placé en détention provisoire pour… une complicité de violence avec arme.
Ses victimes ne sont pas là, elles ont déjà eu beaucoup de mal à porter plainte contre un agresseur qu’elles connaissent bien. Car Saïd est poursuivi pour des violences contre ses propres parents. Le 2 puis le 12 avril 2014, il déboule chez sa mère et son père, casse les miroirs, la table, la télévision, les téléphones et la voiture. Avant de repartir, il ne manque pas de les insulter et de les menacer de mort.
«Mon fils n’arrête pas de nous dire qu’il va nous tuer. Ca nous fait très peur», déclare sa mère dans l’unique audition qu’elle acceptera de faire devant les enquêteurs.
«Je me suis énervé»
Quelles sont donc les raisons qui ont suscité un tel accès de colère ? «Il nous reproche de ne pas lui donner de l’argent pour vivre», expliquent ses parents. En réalité, l’homme a très mal vécu son retour à Mayotte (il vivait auparavant dans les régions du Havre et de Rouen où ses 15 condamnations ont été prononcées) et le reprochait à ses parents. Il leur en voulait également de ne pas s’être porté caution auprès des banques pour qu’il puisse lancer une petite exploitation agricole.
«Je me suis énervé. J’en avais marre», explique-t-il simplement à la barre. Le juge Soubeyran tente alors de susciter une discussion. «Si quelqu’un vous énerve, qu’est-ce qui me dit que vous allez vous contenir ? Vous étiez stabilisé, vous aviez un travail, une vie de famille, vous avez tout perdu… Vos enfants savent que vous êtes en prison ?» Saïd répond par la négative mais il semble peu concerné, sa prise de conscience n’est pas pour aujourd’hui.
Pathétique
«Un dossier pathétique», constate la procureure Prampart mais aussi «désespérant» au regard de toutes les chances qui ont été données à Saïd avec des condamnations finalement peu lourdes au regard de son parcours.
«Comment je vais m’en sortir maintenant ?», demande Saïd comme ultime défense pleine de mauvaise foi. «Chaque fois que j’essaie de me défendre, on me met en prison. Ca va être ça ma vie? Entrer et sortir de prison?»
Cette fois, le tribunal le condamne à 4 mois de prison ferme mais ne demande pas de mandat de dépôt… peut-être une toute dernière possibilité offerte à Saïd pour changer. Ce sera au juge d’application des peines de décider si Saïd met en place un véritable projet professionnel et personnel pour ne pas purger cette nouvelle sentence et éventuellement la transformer en TIG. En attendant, il repart à Majicavo en attendant son nouveau procès.
RR
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.