Jeunesse, santé, cohésion sociale… Les thèmes déclinés au fil du document Mayotte 2025 à venir, sont repris par le député mahorais pour une intégration à l’Agenda social des Outre-mer du gouvernement.
A Mayotte, on partait de rien au niveau des prestations sociales. Peu à peu, les rattrapages sont envisagés, plus lentement que les contraintes comme les amendes, les impôts ou les détecteurs de fumée, mais on y arrive…
Ainsi, le député Ibrahim Aboubacar a profité d’une rencontre le 4 mars dernier au ministère des Outre-mer, pour présenter les propositions spécifiques à Mayotte en matière de social. Il s’agit de les intégrer à l’Agenda social des Outre-mer de la ministre Pau-Langevin, en cours d’écriture, et qui correspond au calendrier d’élaboration du document-cadre Mayotte 2025, qui sera produit d’ici la fin du 2ème semestre.
C’est donc un peu du volet social de ce document définissant la politique et les rattrapages à mettre en œuvre d’ici 2025 à Mayotte, qui nous est livré.
Prestations sociales, mécanismes d’aide à l’emploi ou lutte contre l’exclusion notamment en matière de santé, Ibrahim Aboubacar produit une liste de 10 arbitrages.
En tête des convergences vers le niveau national : celle du RSA Socle, Revenu de Solidarité active qui concerne les foyers sans activité et les bénéficiaires qui reprennent une activité : il est actuellement à 50% pour un rattrapage au plus tard en 2025.
Les personnes âgées ensuite, qui ne touchent l’ASPA, l’Allocation de solidarité aux personnes âgées, qu’à hauteur de 345 euros, contre 800 euros en métropole, et les personnes en situation de handicap avec l’allocation des adultes handicapés.
Les allocations familiales bien sûr, dont le calendrier prévoyant un rattrapage en 2026 doit être ramené à 2020, « dans la logique des engagements présidentiels ».
Toujours du côté de la famille, la prestation d’accueil du jeune enfant est à créer, avec, dès sa création, un montant à 50% du métropolitain, « et convergence en 2020 », ainsi que le plan de construction de crèches.
Sur l’emploi et la lutte contre le chômage qui touche environ la moitié de la population en âge de travailler : « la Prime pour l’emploi existe à Mayotte depuis l’ordonnance fiscale de 2013 ». Elle est à 74% du national avec convergence en 2017.
La CMU-C
Contrairement au RSA socle, les RSA d’activité n’existe pas à Mayotte. On a vu que le premier ministre envisage sa fusion avec la prime pour l’emploi, pour une prime d’activité étendue aux 18-25 ans. « Elle doit être étendue à Mayotte dès sa création », indique Ibrahim Aboubacar. La garantie jeune est à lancer.
En matière de santé, le système doit se réorganiser autour du patient « et nous devons structurer une médecine de parcours ». La député demande la mise en place de l’AME, la fameuse aide médicale d’Etat réservée aux non-assurés sociaux, mais pour les enfants et les adolescents, au CHM et pour les PMI, les protections maternelle et infantile.
Il appelle également à l’application de la CMU-C. La Couverture maladie universelle (CMU) est un droit à l’accès aux soins pour tous, et la CMU-C permet de prendre en charge la part complémentaire des dépenses de santé.
Au chapitre du logement, Mayotte doit lancer un plan d’éradication de l’habitat indigne, renforcer l’offre de logement des plus défavorisées, mettre en place des produits pour le logement des jeunes.
Les étrangers ont droit au chapitre
La lutte contre ce fléau qu’est la précarité, cause de toutes les exclusions sociales, passera pour le parlementaire, par le renforcement de la lutte contre l’illettrisme, l’extension des dispositifs d’accès à la culture, aux vacances et aux loisirs pour les personnes en situation de pauvreté, l’accès véritable aux personnes ayant-droit aux tarifs sociaux du gaz et de l’électricité, l’application pour les mesures relatives au droit au compte et à la lutte contre le surendettement, et le lancement du programme de la restauration scolaire à Mayotte.
L’avant-dernier point concerne les étrangers, avec une demande d’accompagnement pour les demandeurs d’asile, notamment le versement de l’allocation temporaire d’attente (ATA). Pour mémoire, les demandeurs d’asile qui obtiennent le droit de séjourner à Mayotte en attendant que leur cas soit examiné, n’ont pas les moyens d’y vivre, faute d’ATA.
Les mineurs étrangers isolés, terme que le député met entre guillemets, sont 500 totalement isolés, et 3 000 vaguement rattachés à un référent à Mayotte. Ils doivent être pris en charge par un dispositif à financer, « en application à Mayotte du protocole du 1er juin 2013 ».
Enfin, le point qui aurait pu être en tête de gondole : la problématique de la gouvernance. « Quelle gouvernance au niveau départemental de la politique de lutte contre la pauvreté : Etat, département, Communes, Associations ? », dans un département où Etat et Conseil général se renvoient la balle, et où les associations sont très sollicitées.
Mais il est aussi question d’accompagner la population avec la demande de généralisation des centres communaux d’action sociale précisément dans les communes, ou l’extension à Mayotte de la Convention d’objectifs Etat-Caisse des allocations familiales, signée le 16 juillet 2013, notamment pour un accompagnement à la parentalité.
Il faut en effet faire de la vraie politique sociale et non uniquement une politique de rattrapage financier, si l’on veut tenter de comprendre et de relever les enjeux du territoire.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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