La CGT ne fait pas dans le « fleur-bleue » pour la journée de la femme. Bien loin des gentilles commémorations dont ont droit les femmes chaque année, c’est à la mobilisation qu’appelle un tract national. Les 12 portraits de femmes d’Ibrahim Mcolo, exposés sur la barge, s’en font l’écho.
En rappelant que les droits dont nous disposons aujourd’hui ont été le fruit de lutte, droit de vote et d’éligibilité des femmes en 1944, droit d’avoir un emploi sans l’autorisation de leur mari en 1965, l’IVG en 1975 et en 1998 la parité en politique, la CGT pose sa méthode.
Les critiquables 27% d’écart de salaire ou de 80% sur les retraites entre femmes et hommes perdurent. Le combat peut se mener aussi pour la CGT sur les tâches ménagères effectuées à 80% par les femmes. Messieurs, à vos serpillères !
Et, un constat aberrant dans une société soit-disant évoluée, « une femme meurt tous les trois jours, sous les coups de son conjoint », et ce, en dépit de la Journée annuelle des droits des femmes…
Comme le rappelle la CGT, l’égalité au travail permet l’émancipation et l’autonomie des femmes. C’est parce que ces grandes avancées ont été obtenues par un rapport de force que le syndicat appelle à une mobilisation quotidienne et non pas d’un seul jour, pour assurer l’égalité professionnelle, la mixité au travail et lutter contre le sexisme ordinaire.
Du salaire à la vie privée
Il propose d’ailleurs 7 axes de défense de l’égalité :
– se battre sur la mixité, « les femmes sont concentrées dans douze familles de métier », mais surtout dénoncer la différence de salaire entre une sage-femme qui gagne 2 100€ par mois contre 3 400 €pour un ingénieur « alors qu’ils ont le même niveau de qualification ».
– Limiter les temps partiels à 80% exercés par les femmes
– Utiliser les 200 milliards d’euros annuels d’aides publiques pour lutter contre la précarité
– Amener l’action syndicale vers une action collective de lutte contre les discriminations
– Garantir une articulation vie privée/vie professionnelle, notamment en partageant les congés parentaux
– Protéger les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles au travail
– Et enfin, garantir l’égalité à la retraite
Déjà des avancées
La CGT indique avoir obtenu des avancées dans le cadre de la loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes votée en août 2014 : « l’obligation pour les entreprises d’évaluer et de lutter contre les discriminations sur l’ensemble de la carrière, l’évaluation sexuée des risques professionnels par les CHSCT, l’obligation de vérifier si les grilles salariales ne sont pas pénalisantes pour les femmes ».
Sans parler de lutte contre les stéréotypes, ou entrer dans le débat sur les différences hommes-femmes, et qui de l’innée ou de l’acquis a le dessus, il s’agit de mobiliser les esprits sur les injustices qui ont trouvé leur train-train, et qui font seulement les gros titres tous les 8 mars.
Comme en réponse, photographe amateur Ibrahim Mcolo a choisi 12 femmes Mahoraises, dont les photos seront exposées du 8 au 22 mars dans les barges. Douze portraits, douze parcours dans des univers masculins pour la plupart : gendarme, pompier, conductrice de poids lourd.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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