Quatre jours après les événements tragiques de Combani, le procureur de la République et les gendarmes ont donné une conférence de presse ce mardi après-midi. L’homme est mis en examen pour assassinat, un fait rarissime à Mayotte.
Une affaire de meurtre. L’événement est suffisamment rare pour justifier une conférence de presse du procureur de la République, organisée «pour informer la population de ce qui s’est passé», a indiqué Joël Garrigue. «Depuis un an et demi que je suis à Mayotte, c’est la première fois que je suis face à un véritable meurtre, les faits les plus graves réprimés par le Code pénal».
Un constat partagé par le colonel Jean Gouvart, en poste à Mayotte depuis 3 ans : «les faits de meurtre font partie des crimes et des délits qu’on ne rencontre pas dans la société mahoraise. Mais ils pourraient être amenés à se reproduire avec des bagarres entre jeunes pendant lesquelles ils utilisent des chombos», met en garde le colonel Gouvart.
La fin d’un mariage
Le procureur est donc revenu sur les circonstances de ce drame familial. L’auteur présumé, interpellé ce dimanche, est le mari de l’une des victimes, uni avec elle par un mariage religieux.
Le couple traversait des difficultés et l’homme est allé vendredi matin dans le banga que son épouse partageait avec sa mère pour la convaincre de revenir vivre avec lui. Le ton est monté, l’homme a sorti l’upanga (coupe-coupe) qu’il portait sur lui et il a donné des coups dans un premier temps à son épouse.
Il s’est ensuite tourné vers sa belle-mère. Très violemment frappée à la gorge, la femme a l’artère carotide tranchée. Elle s’effondre et se vide littéralement de son sang. C’est ce qu’a confirmé l’autopsie effectuée ce mardi matin.
Les autres personnes présentes vont à leur tour subir les coups d’upanga donnés par l’individu : sa belle-sœur, qui va perdre une oreille et son beau-frère âgé de 9 ans.
Une amnésie à définir
La scène a duré de longues minutes, suffisamment longtemps pour qu’un témoin vienne à deux reprises pour tenter de ramener le calme au sein de cette famille, en vain.
L’homme n’avait semble-t-il pas planifié son geste ni organisé une éventuelle fuite. Au bout de deux jours cachés dans la campagne pour échapper aux poursuites, il s’est rendu sans opposer de résistance à la gendarmerie.
Depuis, les enquêteurs n’obtiennent que peu de réponses lors des interrogatoires. «Il est amnésique», relève le procureur. «Il ne se souvient pas de la quasi-totalité des faits qui lui sont reprochés.»
Peu à peu cependant, des détails lui reviennent. Il pourrait ainsi se remémorer avoir sorti son upanga et donné des coups.
Des expertises médicales vont être effectuées pour déterminer si cette amnésie est réelle, complète ou passagère ou si elle constitue un élément d’un dispositif de défense.
Mis en examen pour assassinat
Une information judiciaire a été ouverte ce mardi après-midi et l’homme a donc été mis en examen pour assassinat et tentative d’assassinat, une qualification qui pourrait évoluer s’il parvient à se remémorer le déroulement des faits plus précisément.
Il a été placé en détention provisoire après avoir été présenté au juge des libertés et de la détention en toute fin d’après-midi.
Enfin concernant les victimes, l’autopsie étant réalisée, le corps de la femme décédée devrait être rapidement rendu à la famille pour procéder aux obsèques.
Deux des trois blessés sont sortis du CHM dont l’enfant qui a été placé comme neuf autres mineurs dans des familles sous la responsabilité de l’ASE, l’aide sociale à l’enfance.
Une femme est encore hospitalisée.
RR
Le Journal de Mayotte
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