Le préfet Morsy était en visite à l’agence Pôle emploi de Kawéni ce lundi matin. Alors que le service se développe à grande vitesse, le préfet annonce l’élaboration d’une charte sur les nombreuses questions relatives à l’emploi à Mayotte.
Le préfet à Pôle Emploi. A l’agence de Kawéni, il souhaitait conforter les équipes dans leur travail, en compagnie du nouveau sous-préfet chargé de la cohésion sociale Guy Fitzer. Depuis 2012, Pôle emploi poursuit son installation et accélère son développement. «En 2014, 1.300 ouvertures de droits ont été réalisées. La mécanique se met en place, le circuit est mieux compris», se félicite Yann Polard, le directeur de Pôle emploi Mayotte.
Actuellement, plus de 11.700 demandeurs d’emplois sont suivis par Pôle emploi dans notre département, un chiffre qui connaît une progression exponentielle. Avec une soixantaine de conseillers, il est évidemment impossible d’assurer un accompagnement individualisé pour tous, même si chaque inscrit bénéficie d’un entretien de trois quarts d’heure.
«L’antenne de Dzoumogné expérimente un ‘accompagnement global’ des chômeurs pour identifier, au-delà des savoirs et des formations, tout ce qui pourrait être un obstacle à l’emploi», explique Yann Polard.
Renforcer la relation avec les entreprises
«La relation avec les entreprises est malheureusement la variable d’ajustement», reconnait Nathalie Copin, la directrice de l’agence de Kawéni. «Mais on a fait en sorte, que les entreprises viennent vers nous. On organise régulièrement des matinées qui fonctionnent très bien. Nous avons beaucoup de petites entreprises qui passent spontanément par nos services pour rechercher des salariés». Ce lien devrait également se renforcer dans les mois qui viennent avec des agents dédiés à la saisie et au suivi des offres des entreprises.
«Pour les formations aussi, on s’adapte aux besoins des entreprises. Dans le BTP par exemple, on a travaillé avec la Colas pour une évaluation de demandeurs d’emploi avant de les envoyer en formation de grutiers en métropole», explique Yann Polard.
700 formations en 2 ans
Durant les deux dernières années, ce sont 700 «mesures de formation» financées par Pôle emploi qui ont été initiées, en complément de celles proposées par le conseil général et d’autres acteurs.
Le programme européen IEJ (initiative emplois jeunes) permet également à 210 Mahorais de moins de 26 ans, à Mamoudzou et Dzoumogné, d’être suivis de près. «Et ça marche», se félicite Haby Wallabregue, conseillère emploi. «Nous avons déjà eu plus de 50 sorties essentiellement vers des emplois en CDD.»
Pôle emploi poursuit également sa politique de proximité. Après avoir développé l’antenne de Dzoumogné qui accompagne 2.700 demandeurs d’emploi, celle de Chirongui va prendre un peu d’ampleur. Le nombre de conseillers va y passer de trois à six. Sur Petite Terre, une antenne va également s’installer, en collaboration avec la mairie de Pamandzi : «On estime que 10% des entreprises sont sur Petite terre et 12% des demandeurs d’emploi. Il est donc important que la question du déplacement ne soit pas un frein», précise Yann Polard.
La piste du tutorat
Avec ce déplacement, le préfet voulait marquer l’importance de la question de l’emploi à Mayotte. Le sujet devrait figurer dans les priorités de Mayotte 2025, aux côtés de l’éducation. «Je souhaiterais mettre en place une charte pour l’emploi sur le modèle de ce qui a été fait en Essonne», annonce Seymour Morsy.
De grands principes seraient posés pour créer ou renforcer les liens entre le monde des entreprises et l’ensemble de la société : stage en entreprise systématique pour les élèves de 3e, liens renforcés entre les chefs d’entreprises et les enseignants, renforcement de l’accompagnement de projets… les réflexions sont nombreuses. «La question du tutorat me semble également une bonne piste de réflexion : chaque fonctionnaire, chef d’entreprise ou DRH doit pouvoir accompagner individuellement un jeune dans une formule de parrainage», précise le préfet.
«On sait que le marché de l’emploi à Mayotte ne pourra pas absorber tous les jeunes qui arrivent», conclut Yann Polard. Pour nos jeunes, l’avenir passera donc aussi, sans aucun doute, par la création d’activité et la mobilité… les chantiers ne manquent pas.
RR
Le Journal de Mayotte
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