Le groupement des entreprises mahoraises du tourisme (GEMTour) écrit une lettre ouverte au préfet. Les professionnels dressent un constat accablant du niveau d’insécurité et demandent des réponses concrètes.
Fini la diplomatie. Les professionnels du tourisme sont exaspérés et ils le disent. Ils viennent d’écrire au préfet de Mayotte pour dénoncer le niveau d’insécurité dans notre département dont les conséquences sont palpables au sein de leurs entreprises.
Revenant longuement sur l’agression d’une jeune femme «venue de La Réunion pour passer un examen d’infirmière à Mayotte» entre l’hôtel Caribou et son lieu d’examen, le GemTour s’inquiète des «conséquences très préoccupantes de ces trop nombreux cas de violence.»
Car ce «sentiment d’insécurité» grandissant va de pair avec une «qualité de vie qui diminue» pour les Mahorais, et les restaurateurs comme les hôteliers sont en première ligne. Le GEMTour parle «d’une réticence des consommateurs à sortir le soir», d’une «ambiance délétère», d’employés «stressés»… et d’une «i-réputation de notre île» mise à mal par «cette montée de violence (…) relayée avec force par tous les moyens de communication».
Sentiment d’impunité contre sentiment d’insécurité
Ces professionnels sont d’autant plus à cran, qu’ils constatent «le sentiment d’impunité qui s’instaure chez les délinquants mineurs», «une absence de présence visible et dissuasive des forces de l’ordre dû à un indéniable manque d’effectif et à une répartition inadéquate par rapport aux zones de densité de la population.» Prenant l’exemple de Petite Terre, le GEMTour estime que «la présence visible et régulière des véhicules de police et de gendarmerie crée un climat à la fois dissuasif pour les délinquants et rassurant pour la population.»
Et ces entreprises d’interpeller directement le représentant de l’Etat : «Ne vous en déplaise, Monsieur le Préfet, rien n’est sous contrôle à Mayotte». «Les cambriolages à répétition, les agressions régulières, le sentiment d’abandon de la plupart des acteurs du tourisme et des entreprises locales ne sont aujourd’hui plus supportables.»
Une réponse concrète
Passé ce long constat accablant, les professionnels souhaitent «une réponse concrète» : un relai de leurs préoccupations «au plus haut niveau» et une sensibilisation des élus locaux, des actions visibles de terrain, un suivi concerté du problème de l’insécurité particulièrement pour ceux qui travaillent à la nuit tombée.
Les professionnels terminent leur réquisitoire en rappelant au préfet qu’il est «le garant de la sécurité publique qui, à ce jour, n’est plus assurée à un niveau acceptable, non seulement pour les touristes mais aussi pour l’ensemble de la population mahoraise.»
Le préfet aura l’occasion de leur répondre dès vendredi. Dans l’après-midi, il doit en effet présenter avec le procureur de la République et les responsables des forces de sécurité à Mayotte le bilan 2014 et les perspectives 2015 en matière de sécurité dans notre département.
RR
Le Journal de Mayotte
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