Diminuer les dépenses, chercher des recettes supplémentaires, voilà le credo du nouveau président du conseil départemental de Mayotte. Il nous en a donné ses pistes.
On ne sait pas si c’est le premier effet Ramadani, mais la clim était au point mort ce jeudi matin dans l’hémicycle. Le président l’a annoncé au JDM dans un portrait publié mercredi matin : il va faire des économies. « La clim tourne parfois dans des bureaux vides ou bien ce sont les lumières qui restent allumées. Des petites dépenses, mais nous n’avons pas le choix que de les traquer », expliquait-il.
Celui qui vient d’être élu pour mener ses 26 conseillers généraux sait que cela ne sera pas facile. Tout d’abord, il faut travailler sur la masse salariale : « si nous ne prévoyons pas de licencier, les postes qui sont sous contrat ne seront pas forcément reconduits. »
Il devra surtout impulser un nouvel état d’esprit : imposer que cesse la politique de recrutement à tout-va, certains élus y puisant un vivier électoral, sans même en informer la direction des services. Il le dit lui-même, « certains hommes ou femmes ne sont pas à la bonne place ». D’où la nécessité d’un tableau des emplois, un organigramme qu’il a demandé.
Le département lui est laissé avec des finances excédentaires lui aura répété son prédécesseur Daniel Zaïdani. Il a sur la question un avis plus nuancé, « excédentaire, oui, mais grâce à l’année 2013 qui fut exceptionnelle ». Les rentrées fiscales connurent en effet une embellie, et l’Europe avait accordé son 10e FED (Fonds de développement) en appui budgétaire global, soit 22,9 millions d’euros directement versés au budget du département.
En 2014 l’équilibre était donc de + 28 millions d’euros, « mais les premiers chiffres qui me sont donnés évaluent à 15 millions d’euros l’excédent prévisionnel sur 2015. La structure financière du conseil général est déficitaire depuis 2014 ».
D’autant plus que si le département a été favorisé dans la répartition des recettes de l’Octroi de mer, avec prés de 60% de la somme, les communes qui perçoivent le reste, réclament une inversion de cette clef de répartition. Il faut dont trouver des recettes, et de manière urgente si le département veut être en capacité d’honorer sa quote-part du contrat de projet Etat-région et sa capacité d’investissements dans les projets des fonds européens, les deux contrats de développement courant sur la période 2014-2020.
Nul doute que cette préoccupation de l’équilibre financier du département sera au centre des discussions prévues le 7 mai avec le préfet de Mayotte. Lui qui, en tant que sénateur, avait défendu et obtenu le versement de la part Etat dans la construction du second quai du port de Longoni.
Les économies ont déjà été traduites en séance ce jeudi matin, avec une répartition des moyens de financement revus à la baisse pour les deux groupes : la majorité des 16 bénéficiera de 90 106 euros, « contre 180 600 euros auparavant », et le groupe des 10, les « centristes », 56 316 euros, « contre 112 632 euros », indiquait Fatima Souffou. Des sommes réduites de moitié.
Une politique d’austérité en marche donc, avec tous les risques que cela comporte pour une majorité, la métropole nous en a fait la démonstration.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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