Le BSMA accueillait ce mardi matin les «assises de la mobilisation de l’école et de ses partenaires pour les valeurs de la République». Organisées partout en France, elles ont largement mobilisé les acteurs de la société mahoraise et suscité des propositions.
Mobiliser la société pour garder «l’esprit du 11 janvier». Dans la foulée des manifestations qui avaient rassemblé des millions de personnes après les attentats de Paris, le ministère de l’Education nationale* a souhaité organiser des Assises pour les valeurs de la République. Il s’agissait de mobiliser l’école «et ses partenaires» autour des principes fondamentaux qui fondent notre nation.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mayotte a répondu sans hésiter à l’invitation lancée par Stéphane Planchand, le directeur de cabinet de la vice-recteur qui avait préparé cette matinée.
Les représentants de la société mahoraise dans son ensemble ont fait le déplacement. L’Education nationale, de la vice-recteur aux des chefs d’établissements en passant par des professeurs et des parents d’élèves, était présente en nombre. Mais bien au-delà, élus municipaux, syndicalistes, religieux, représentant du monde du sport, chambres consulaires, associatifs, magistrats, policiers, gendarmes… C’est un parterre d’une rare diversité à Mayotte qui a souhaité s’associer à la démarche de «mise en synergie de toutes les bonnes volontés», selon les mots de Nathalie Costantini, la vice-recteur.
Les valeurs de la culture commune
«Il est rare de célébrer des valeurs et plus encore de le faire avec des gens si différents», s’est félicité Bruno André, le sous-préfet chargé de la cohésion sociale. Dans une ode à la laïcité «qui a su devenir le supplément d’âme de la République», il a rappelé que certains universitaires citent Mayotte comme un exemple de laïcité.
Liberté, égalité, fraternité, respect… Pour Louis Estienne, chargé de la question de la laïcité au vice-rectorat, il est temps de reconstruire une nouvelle citoyenneté alors que les valeurs de l’individualisme «désagrègent la culture commune». C’est la laïcité qui «permet l’expression de toutes les libertés individuelles dans un espace public où chacun partage les mêmes règles.»
Des lycéens acteurs de l’événement
Ces assises ont été construites avec des lycéens. Ils ont pu aborder ce concept pas toujours facile à comprendre de laïcité, ce qui leur a permis d’animer cinq ateliers. Car toutes les personnes présentes ont rapidement été réparties dans des groupes pour partager leurs réflexions, leurs expériences et débattre.
Parmi les nombreuses questions évoquées : «En protégeant les élèves de tout prosélytisme, l’école peut-elle préparer les élèves au monde extérieur ?» ou encore «comment structurer un programme scolaire laïque sans laisser de côté des sujets dont le fait religieux ?»
Nul doute que ces échanges filmés donneront lieu à de nombreuses restitutions.
La langue et la littérature
Le vice-rectorat a également choisi cette matinée pour annoncer cinq mesures qui se placent dans la continuité des débats du jour.
La vice-recteur souhaite d’abord monter un festival de littérature l’an prochain, pour renforcer le sentiment d’appartenance à la République à chaque âge. Le passage d’auteurs venu de métropole dans plusieurs classes ces derniers jours n’y sont pas étrangers.
La question de la langue sera également, dès le mois de septembre, au centre de toutes les attentions avec le bilinguisme qui va –enfin !- se développer dès la petite section. Nous devrions également voir l’apparition de l’apprentissage de l’arabe et du portugais, proximité du Mozambique oblige, pour (re)donner du sens aux mots et faire en sorte que les enfants maîtrisent les vecteurs de communication.
Choisir des noms aux collèges et aux lycées
La laïcité est également le thème sur lequel travaille un groupe de réflexion qui se réunit désormais chaque trimestre où, là encore, des points de vue très divers sont échangés en toute sérénité. Il s’agit de conforter la réflexion sur l’école comme un moment d’émancipation.
Près de 500 personnels de l’Education nationale bénéficient également de formations depuis le mois de janvier. Ils seront 2.000 sur deux ans. Chef d’établissements, enseignants, surveillants, personnels de santé et du social… tous mettent des mots sur ces valeurs de la République.
Enfin, un projet qui tient particulièrement à Stéphane Planchand, le directeur de cabinet, un grand chantier de dénomination des établissements du secondaire va être lancé. «Travailler cette question, c’est travailler sur le patrimoine, l’Histoire, le patrimoine culturel et finalement nos valeurs. Choisir un nom, c’est aussi travailler son identité personnelle et collective», insiste Stéphane Planchand.
Pour faire durer cet élan, la vice-recteur affirme être «à l’écoute et à la disposition pour construire d’autres actions» et permettre aux bonnes idées de pouvoir toucher des élèves de Mayotte. A bon entendeur !
RR
Le Journal de Mayotte
*Le ministère de l’Education nationale a également pris 11 mesures sur la laïcité :
1. Renforcer la transmission des valeurs de la République
2. Rétablir l’autorité des maîtres et des rites républicains
3. Créer un nouveau parcours éducatif de l’école élémentaire à la terminale : le parcours citoyen
4. Associer pleinement et développer les temps d’échange avec les parents d’élèves
5. Mobiliser toutes les ressources du territoire : un partenariat renouvelé avec les collectivités locales et les associations
6. Engager un chantier prioritaire pour la maîtrise du français
7. Accélérer la mise ne place du plan de lutte contre le décrochage
8. Renforcer les actions contre les déterminismes sociaux et territoriaux
9. Une action en faveur des publics les plus fragiles
10. Mobiliser l’enseignement supérieur et la recherche pour éclairer la société dans son ensemble sur les fractures qui la traversent et sur les facteurs de radicalisation
11. Renforcer la responsabilité sociale des établissements d’enseignement supérieur
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