Le collectif «Bassi Ivo» écrit au Premier ministre et organise la mobilisation pour soutenir Mahamoud Azihary. Pas question pour ses membres de laisser retomber la pression avant le conseil d’administration de la SIM de la semaine prochaine.
Ils avaient invité la presse ce mercredi matin. Les membres de Bassi Ivo «continuent de dénoncer cette tentative de classement de la case de Liétar», selon les mots d’Ismael Kordjee. Le collectif a décidé d’interpeller Manuel Valls, le Premier ministre, en lui écrivant une lettre de deux pages dans laquelle Bassi Ivo explique sa démarche et sa vision de la procédure visant des cases du quartier Saharangue à Mamoudzou.
Parlant de « climat malsain et délétère», Bassi Ivo pointe «cette décision de classement en urgence qui ne trompe personne, (…) provoque une indignation de la population mahoraise». Le collectif continue de dénoncer le déroulement des événements, s’appuyant sur un accord de permis de construire sur la zone, tamponné par les services de la préfecture le 25 février.
La question des dates
La préfecture, soucieuse de calmer les esprits et de montrer que la préservation était une préoccupation des services avant le milieu du mois d’avril, a choisi de communiquer un courrier. Il est signé par le préfet et il est destiné au maire de Mamoudzou.
Seymour Morsy y attire l’attention de la municipalité sur «cet ensemble d’habitats remarquables» pour lesquels, «les architectes et paysagistes conseils missionnés par l’Etat ont (…) émis un avis appuyé dans le sens de la conservation». Le préfet y invite le maire «à ne pas engager d’opérations qui auraient pour conséquence la destruction de cases et ensembles qui ont une valeur de témoignage inestimable pour le patrimoine mahorais du 20e siècle».
Cette lettre est datée du 27 mars, trois semaines avant le déplacement de la tractopelle stoppée par l’avis d’instance de classement. Le maire de Mamoudzou y a répondu favorablement le 15 avril.
Deux vitesses
Mais pour le collectif, au-delà des dates, cette procédure de classement relève «d’une République à deux vitesses». «Alors que de nombreux vestiges d’une valeur historique inestimable (…) sont à l’abandon, Mme la ministre vole personnellement au secours du logement occupé par Vincent Liétar.»
Sur ce dossier, le collectif Bassi Ivo se range donc résolument du côté de Mahamoud Azihary, comme pour son maintien à la tête de la SIM, malgré une «éviction annoncée et souhaitée de longue date par les services de l’Etat à Mayotte», selon le courrier destiné au Premier ministre.
Pour Bassi Ivo, «cette éviction programmée (…) est un signal très inquiétant envoyé à la population mahoraise et plus particulièrement aux cadres locaux, quand on sait que Mahamoud Azihary est le seul Mahorais placé à ce niveau de responsabilité et qui a réussi à redresser une société moribonde». Vantant ses compétences et sa gestion, il dénonce un processus « un processus engagé depuis quelques années pour le discréditer et le déstabiliser».
Communautés
«On entend souvent qu’on veut monter les communautés les unes contre les autres», relève Ismael Kordjee. «Ce n’est pas le cas. Tous ceux qui veulent défendre la justice contre les discriminations sont les bienvenus. Mais moi, ce que j’ai vu le jour où la tractopelle était devant les cases, ça m’a choqué. Chez Vincent Liétar, il n’y avait que des métropolitains et devant, que des badauds mahorais. Ça me rappelle l’Apartheid en Afrique-du-Sud. Qui sont les gens qui mettent les communautés à dos ? »
Alors que le conseil d’administration de la SIM doit se réunir mardi prochain, pour décider, entre autres, de l’équipe dirigeante de la société, le collectif Bassi Ivo souhaite «mobiliser les gens pour que le 12 mai, massivement, on soit devant le siège de la SIM pour manifester notre indignation et pour soutenir Mahamoud Azihary», explique Ismael Kordjee.
Sur ces sujets, quelle que soit la façon dont on les aborde, le climat est visiblement loin de tendre vers l’apaisement.
RR
Le Journal de Mayotte
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