27.9 C
Dzaoudzi
jeudi 21 novembre 2024
AccueilFaits divers17 mois de prison ferme pour un caïd de Petite Terre

17 mois de prison ferme pour un caïd de Petite Terre

CARNET DE JUSTICE DU JDM. Les gens avaient peur de Salim. Il les volait, les rackettait, les insultait. Avec ses copains, il faisait un peu la loi dans son quartier de Petite Terre… Alors qu’il n’est âgé que de 18 ans et demi.

Salle d'audience du TGI de MamoudzouMais il y a 10 jours, il est allé bien trop loin. Ce dimanche 3 mai, c’est d’abord chez lui qu’il décide de changer les règles de vie. A proximité de son banga, vivent d’autres membres de sa famille. Sa mère mais aussi son oncle et son épouse qui ce matin-là, vont devenir sa cible. Salim leur prend d’abord un téléphone portable avant de décider qu’ils n’ont plus rien à faire dans «sa» cour. Le jeune homme au physique puissant se met à les insulter, il veut les mettre dehors.

Salim entre dans leur banga, sort des affaires et un matelas et y met le feu. Puis il leur jette des cailloux. La femme s’enfuit avec son bébé. L’homme finira par partir lorsque Salim se saisit d’un chombo. Le jeune homme ira jusqu’à parcourir les rues du quartier pour le retrouver.

Le couple va porter plainte, une première dans le village où personne n’a jamais osé se plaindre des agissements du jeune homme.

Menace de mort pour 1 euro

Salle d'audience du TGI de MamoudzouEn début de soirée, en plein cœur de Labattoir, 2e série de faits. Salim s’en grillerait bien une mais il n’a pas d’argent. Un homme passe, il lui arrache le téléphone des mains. «Je l’ai revendu 5 euros pour acheter des cigarettes.» Et quand la victime a la mauvaise idée de retourner voir son agresseur, quelques minutes plus tard pour récupérer son bien, Salim attrape un bout de miroir au sol, lui casse sur le crâne et le menace à nouveau : un euro, «sinon je te tue». Une dame du quartier présente par hasard donne l’argent pour obtenir la libération du pauvre homme.

Cette fois encore, la victime va déposer une plainte… de quoi, enfin, lancer des poursuites contre Salim. Pourtant l’enquête a du mal à démarrer. Dans le quartier, c’est l’omerta, personne ne veut parler, personne ne sait. Visiblement tout le monde a peur des représailles éventuelles.
“- C’est tous les jours que vous rackettez, que vous faites peur aux gens ? Vous êtes le petit caïd du quartier, c’est ça ? demande la juge.
– C’est pas tous les jours, répond Salim.
– Un jour sur deux alors ? Et toute cette violence pour un euro…”

Des victimes qui s’excusent

Panneau salle d'audience TGI MamoudzouA la barre, les deux hommes qui ont porté plainte sont là. De mémoire de juge, de procureur et d’avocat, on n’avait pas assisté à une telle scène à Mayotte depuis longtemps. A la barre, ce sont les victimes qui viennent présenter leurs excuses.

 «Ce qui me gêne, c’est le sentiment de crainte que je sens dans cette salle d’audience mais pas du bon côté de la barre», indique Joël Garrigue, le procureur. «J’entends des victimes qui viennent s’excuser pour que leur agresseur les laisse tranquille. Il faut faire en sorte que la peur change de côté.»

Le réquisitoire est lourd. Il va quasiment être suivi par le tribunal. Le caïd de Petite Terre ne va pas refaire la loi de si tôt à Labattoir : 18 mois de prison dont 12 ferme et à la sortie une mise à l’épreuve de 2 ans, une obligation de soins (il consomme souvent beaucoup d’alcool) et de formation (né à Dzaoudzi, il est déscolarisé depuis le CM2). Il a également interdiction de rentrer en contact avec ses victimes.

Révocation du sursis

Porte de la salle d'audience du TGI de MamoudzouMais ce n’est pas tout. Salim est en état de récidive. Il a déjà été condamné deux fois. Le tribunal pour enfant lui a infligé 6 mois de prison avec sursis pour vol aggravé en mai 2014. Et en mars de cette année, il a écopé de 8 mois dont 5 avec sursis pour rébellion, outrage et violence contre des gendarmes. Et ce sursis, le tribunal va le révoquer. Les 5 mois deviennent ferme et se rajoutent à la peine du jour.

La détention décidée pour écarter Salim du quartier avant le procès n’est donc plus provisoire mais son quotidien pour 17 mois. «Et le tribunal n’en a pas fini avec lui», prévenait le procureur. Car cette soirée du dimanche 3 mai a été longue. Salim a commis de nombreux autres délits avec les copains de sa bande. A l’heure actuelle, l’enquête continue mais il devra à nouveau s’expliquer devant le tribunal un jour ou l’autre.
RR
Le Journal de Mayotte

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139126
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139126
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139126
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139126
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139126
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139126
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...