« L’innovation commence par le partage ». Le ton de la nouvelle structure mahoraise, la 118e CJD en France, est donné : il s’agit de contribuer à l’émergence de jeunes dirigeants d’entreprise porteurs de valeurs peu répandues dans le secteur…
Si la cassure avec leurs aînés n’est pas mise en avant, c’est qu’il y a dans la nouvelle génération de dirigeants d’entreprises une volonté de ne pas exclure, d’englober leur action dans l’ensemble existant et de le faire évoluer.
Pourtant, beaucoup de ceux qui avançaient défendre l’idéal républicain pour cultiver le copinage ou les « réseaux », ont malmené son image en allant jusqu’à corrompre cet idéal au plus haut degré de l’Etat… La République devient ce que l’on en fait. Les jeunes chefs d’entreprise ne sont donc pas en quête de nouvelles valeurs saines, mais souhaitent simplement les mettre en pratique.
C’est ainsi qu’est né sur le territoire le Centre des jeunes Dirigeants d’entreprise (CJD). « C’est la plus vieille structure patronale de France, créée en 1938 par Jean Mersch », sous le sigle CJP, Centre des Jeunes patrons, indique celui qui l’a implantée à Mayotte, Mohamed Assani Abdou, comptable dans le cabinet A2C où il est associé.
Apolitique
Il a été motivé par son histoire personnelle : celle d’un jeune entrepreneur noyé dans une culture imprégnée d’ambition politique ou de carrières administratives à Mayotte. C’est la solitude assurée pour quelqu’un qui est la recherche d’autres valeurs, de lieux d’échange avec ses confrères : « impossible de se développer professionnellement et personnellement, alors que je cherchais à devenir un acteur économique responsable. »
Alors qu’il part suivre une formation à Paris, un de ses amis lui parle du Centre des jeunes dirigeants d’entreprises : « j’ai rapidement décidé de l’implanter à Mayotte. » Elle est donc née le 6 novembre 2014, « c’est le 118e de France. Nous sommes apolitiques, sans logique de réseau comme on l’entend habituellement. Nous défendons l’économie au service de l’homme, des intérêts concrets. »
Ils sont 13 à avoir adhéré, dont la direction de la Chambre d’agriculture, de Électricité de Mayotte, mais on y trouve aussi des salariés qui ont une autonomie managériale. Porteurs des valeurs répondant au socle commun, ils ont tous été admis après entretiens. Cinq piliers font leur force, communs à tous les CJD : « réfléchir, expérimenter, se former, influencer en étant force de proposition et développer pour pérenniser. » La limite d’âge est de 45 ans pour prendre des fonctions électives au sein du mouvement.
« Un libéralisme responsable »
Depuis sa création en 1938, 80 000 entrepreneurs ont été formés par le CJD. Pas encore suffisant pour révolutionner l’esprit du monde économique de notre microcosme français apparemment… Le président actuel du CJD en France est Richard Thiriet.
Mohamed Assani Abdou illustre la philosophie de la maison : « si un entrepreneur se lance dans un secteur, on va lui présenter ceux qui sont déjà installés, on ne l’envisage pas comme un concurrent. C’est un libéralisme responsable, dans le sens de la liberté d’entreprendre, de penser, de se former. »
Le CJD est composé de 5 commissions : Recrutement et influence, Communication, Projets, Formation et Océan Indien.
Un modèle pour les jeunes
L’objectif principal est l’émergence de jeunes talents : « Nous devons identifier les potentiels du territoire et les accompagner vers les filières d’excellence entrepreneuriale ». Car encore trop peu de Mahorais s’orientent vers des écoles d’ingénieurs, essentiellement par manque de modèle, avec l’impression d’un travail impossible à fournir, et souvent par dévalorisation personnelle.
Le réseau, « au sens de partage des savoirs », doit ensuite prendre le relai pour suivre ces jeunes. « Nous devons être ‘créateur d’oxygène’ pour les jeunes entrepreneurs », comme le veut le slogan fédérateur du CJD.
Mayotte sera l’invitée d’honneur du Forum de la formation où seront présentes les CJD de la région les 6 et 7 novembre à Madagascar, « car avant de donner des leçons, il faut apprendre ».
Sous l’impulsion de ses adhérents, les premières actions sont déjà en cours avec une master class organisée le 3 juin au Centre universitaire de Dembéni, sur le thème du leadership.
Une révolution de vision à l’échelle de Mayotte et qui pourrait faire des émules. Elles ont une adresse mail à leur disposition : contact@cjd-mayotte.fr
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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