Une fête de fin d’année comme pour les autres enfants. C’est la meilleure des récompenses pour les jeunes concernés par le handicap et leurs éducateurs de l’association Toioussi. Une structure en plein développement, mais qui n’arrive pas à traiter toutes les attentes.
Pour se rendre compte du travail des éducateurs avec les enfants en déficience intellectuelle ou physique, il suffit de les regarder se déhancher sur le standard de Pharrel Williams, « Happy ». Une concentration extrême pour lever les bras ou agiter des maracas en rythme… Car c’était la fête annuelle de l’association Toioussi ce samedi 6 juin à Mtsangabeach.
Carte d’invitation lorsqu’il est prononcé à la métropolitaine, Toioussi signifie « Fleur de paradis » en shimaore, et symbolise l’espoir. Association créée en 2002 pour répondre à l’absence de structures adaptées à Mayotte, elle devient institut médico-éducatif après avoir reçu l’agrément de l’Agence régionale de santé (ARS) en octobre 2012 pour accueillir tous les jeunes porteurs de handicap, « excepté les handicaps sensoriels », précise Claire Alik, directrice de la structure membre du groupe SOS. L’objectif de l’association est de “Faire changer le regard sur le handicap”.
Plan autisme
Chapeautant à la fois des Instituts Médico-Educatif (IME) pour les enfants qui peuvent se déplacer et des Services d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD), Toioussi est installée sur 5 zones géographiques, Petite Terre (Pamandzi et Labattoir), Mzouazia, Dzoumogné, Passamainty et Tsingoni.
Les enfants sont auparavant dépistés par la maison des personnes handicapées (MPH) qui décide du placement : « nous accueillons actuellement 200 enfants, mais 182 familles ont inscrit leurs enfants sur liste d’attente », précise Claire Alik.
Des besoins énormes dont avait pris conscience Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, lors de sa venue à Mayotte en mars 2014. Elle avait d’ailleurs annoncé la mise en place d’un plan autisme et promis un million d’euros de sa réserve ministérielle.
S’évader à bord d’une joelette
Si du coté du plan autisme, peu d’avancées sont à noter, l’autre partie du budget versé à l’ARS est opérationnel selon Claire Alik, « avec l’achat d’une joelette que nous partageons avec les amis du Raid Rando pour promener les enfants, et leur soutien sans faille sur notre évolution ».
Car la structure a terriblement grossi depuis 13 ans : « soixante salariés y travaillent, dont 42 éducateurs et une équipe thérapeutique. » Et devra encore s’agrandir face à la demande : « un centre d’action médico-social précoce a d’ailleurs ouvert lundi dernier à Mamoudzou pour prendre en charge les enfants de zéro à 6 ans. » Il devrait en principe être financé à 20% par le conseil départemental chargé de cette tranche d’âge.
Les enfants sont tous accompagnés d’un parent cet après-midi, et pendant que les jeunes pamandziens agitent les instruments qu’ils ont eux-mêmes fabriqués, Claire Alik nous confie être à la recherche d’un bâtiment pour développer les activités et prendre en charge les besoins des familles en attente.
Surtout qu’à l’heure où beaucoup se plaignent que rien n’avance à Mayotte, des réponses ont été apportées : « alors que l’année dernière un seul orthophoniste travaillait à mi-temps, sept personnes dont deux médecins interviennent régulièrement sur nos sites. »
Tous les enfants ne sont pas en mesure de fredonner « You know I’m happy » à Mayotte ! Les éducateurs savouraient donc ce moment rare.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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