L’intervention du Medef local auprès de Pierre Gattaz, président du Medef national, a fait bouger les tranchées d’acteurs parisiens jusqu’à présent frileux à l’implantation du travail intérimaire à Mayotte. Manuel Valls est aussi attendu sur ce sujet.
On a tous connu étudiants ces petits boulots qui permettent de tenir le mois. Encore faut-il avoir suivi ses études en métropole… Car à Mayotte, l’intérim n’existe pas.
Ça n’est pas faute pour la Direction du travail et de l’emploi (Dieccte) et l’association patronale Medef d’avoir requis sur ce point l’attention du ministère du Travail. Un dossier qui n’a pas avancé jusqu’à ce que Thierry Galarme, président du Medef Mayotte, interpelle le patron des patrons du Medef national, Pierre Gattaz. Ce dernier vient de saisir le ministère du Travail ce 11 juin.
Légalisé par la loi du 3 janvier 1972, l’intérim était au départ destiné à suppléer un employé vacant, « ad interim » se traduit « pendant ce temps là » en français. Mais aujourd’hui, le Code du travail admet qu’un intérimaire puisse être recruté pour compenser un accroissement temporaire de l’activité de l’entreprise. Autant dire qu’il pourrait parfaitement s’adapter à notre territoire à la conjoncture économique fluctuante.
« Crainte de travail précaire »
Thierry Galarme revient sur ses avantages : «Aux salariés, il apporte un véritable statut (rémunération, droits à la formation), aux entreprises il apporte plus de souplesse en permettant de recruter du personnel de renfort (un extra dans un restaurant, une secrétaire pour remplacer un congé maternité, des ouvriers spécialisés dans le BTP et tous les secteurs d’activité), et à l’Etat un meilleur contrôle des activités, l’intérim constituant aussi un frein au travail dissimulé.»
Pourquoi dans ce cas, le système n’a-t-il pas encore été appliqué à Mayotte ? Monique Grimaldi, directrice de la Dieccte nous l’explique : «C’est une transposition de textes qui nous a toujours été avancée comme très longue par le ministère du Travail, mais qui cache la crainte de généraliser un travail précaire. C’est souvent sous ce prisme que les juristes du droit du travail voient le travail intérimaire».
Un regard de XXIème siècle en métropole, qui oublie que Mayotte connaît des problématiques auxquelles la loi répondait parfaitement dans les années 70 dans l’Hexagone.
Selon la directrice de la Dieccte, le dossier est maintenant pris en compte avec la nomination d’un correspondant spécifique au ministère du Travail.
Inscrit dans une agence d’emploi qui le délègue auprès d’une entreprise, l’intérimaire ne peut bénéficier d’un contrat de plus de 18 mois, et ne peut être renouvelé plus d’une fois.
Pour Pierre Gattaz, qui relaie la demande de Thierry Galarme, dans un courrier à François Rebsamen, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, le travail intérimaire permettrait au contraire d’être «un véritable levier de création d’emplois en particulier dans les secteurs du BTP, du tertiaire, de la restauration, des services».
“Dès 2015”
Naturellement outil de flexibilité pour l’entreprise, il est également facteur d’insertion pour des salariés exclus du marché du travail, «ce d’autant que l’intérim débouche fréquemment sur des embauches à durée déterminée».
Et la Dieccte et le Medef sont d’accord: «Il s’agit d’un frein au travail dissimulé», pour Pierre Gattaz, «il permettra d’évoluer du travail illégal vers l’économie formelle», pour Monique Grimaldi.
Le patron des patrons demande au ministre une mise en place dès 2015. Selon nos informations, le Premier ministre pourrait ce samedi, faire des annonces en matière d’évolution du droit du travail.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.