Devant un parterre de personnalités, Manuel Valls aura prononcé un discours fort en fin de journée hier. Une rupture avec les habituels positionnements de l’Etat. Quelques heures auparavant, il était revenu sur un possible mini-remaniement ministériel et sur la polémique Barça relancée par le président de la République depuis les 24 heures du Mans.
« Je suis venu sur une terre où règne une demande très forte de l’Etat : écoles, hôpital, sécurité, service public de qualité… nos domaines d’action. Ici, elle est essentielle. Incarner l’Etat est donc un honneur sur ce territoire, on se sent utile. Un tel déplacement démontre l’utilité du gouvernement. C’est pour cela que nous avons mis en œuvre plusieurs engagements, dont le Contrat de projet Etat Région sur 5 ans et le Plan Mayotte 2025. Quant aux dossiers plus complexes qui vous concernent, nous prendrons le temps et le rythme nécessaires pour les traiter »… Manuel Valls tenait un discours fort devant le Tout-Mayotte, réuni Case Rocher pour un cocktail républicain.
On est bien loin des leçons de morale à l’adresse des élus, et des tensions critiquées comme « stériles » par le président du département Soibahadine, et des habituels « c’est pas à nous de faire, mais aux élus » des représentants de l’Etat. Un nouveau style de partenariat encouragé par le premier ministre qui remerciait le président du département « pour sa hauteur de vue, son sens de l’intérêt général », mais qu’il appelait à être effectif.
Malgré des discours sous un soleil de plomb qui lui aura laissé des traces en fin de journée, il avouait avoir été « heureux de découvrir la terre d’élection de nos parlementaires » – il tutoie le député Ibrahim Aboubacar, et remerciera Thani Mohamed Soilihi et Saïd Omar Oili pour leur défense des intérêts de Mayotte au Sénat pour le premier et des maires pour le second – et assure se faire désormais le missionnaire du territoire : « ce n’est pas facile à Paris de faire comprendre vos difficultés, comptez sur moi et sur les deux ministres présents pour cela. »
Histoires de pneus
Il a réaffirmé l’appartenance de Mayotte à la France, « ce choix démocratique irrévocable nous oblige à donner à Mayotte les moyens nécessaires à son développement », concluait-il avant de s’envoler vers Paris.
Quelques heures auparavant, la politique nationale s’était invitée aux échanges avec les journalistes. Avec la confirmation de l’annonce « en début de semaine » d’un mini remaniement ministériel qui toucherait l’Education nationale en le scindant en deux ministères, la ministre de la Recherche ayant démissionné pour raisons de santé.
La publicité sur les alcools avec l’assouplissement de la loi Evin demandée par le sénateur César, a également été abordée, avec une réponse mitigée : « il faut trouver un équilibre qui ne menace pas la loi Evin, tout en prenant en compte les préoccupations du sénateur César ».
Enfin, la polémique sur le déplacement de Manuel Valls au match du Barça qui avait été annoncée comme perturbatrice du déplacement ministériel dans l’océan Indien, n’a heureusement été qu’un épiphénomène au regard des priorités des territoires visités, mais aura nécessité une précision en réponse au « tacle » de François Hollande depuis les 24 heures du Mans, « je n’y vais pas pour mon plaisir », avait-il glissé : « non, cela n’est pas destiné à m’affaiblir », répondait sourire en coin Manuel Valls aux journalistes parisiens, « le président m’a d’ailleurs envoyé un sms : ‘j’assiste au 24h du Mans, alors qu’il paraît que tu encourages une course de pneus’ ». Une histoire qui roule pour l’instant…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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