Deux Mahorais, le Grand cadi et son porte-parole, El Mamouni Mohamed Nassur, ont participé à la première réunion place Beauvau de l’Instance de dialogue avec le culte musulman. Histoire de dédramatiser la pratique de la religion musulmane.
L’amalgame entre les musulmans et les actes islamistes violents, a terni l’image des croyants à un point tel que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait initié en janvier cette « Instance de dialogue avec le culte musulman ».
Coïncidence, la première réunion se tenait ce lundi, au lendemain du passage de Manuel Valls à Mayotte, terre musulmane de la République française. « On tue au nom de l’islam, il faut trouver la place de cette religion dans les sociétés européennes », avait invoqué le premier ministre pour justifier cette rencontre de lundi.
Un passage par notre île qui porte déjà ses fruits, « le premier ministre a cité Mayotte par deux fois en exemple dans son discours », a confié au JDM El Mamouni Mohamed Nassur, porte-parole du grand Cadi, à la fin de la journée. Ils étaient tous deux présents à cette Instance qui comptait des représentants de presque tous les courants de l’islam, « pas tous les salafistes », selon le quotidien Le Monde, qui souligne que moins de vingt femmes y participaient. Ce sont les préfets qui ont proposé les personnalités représentatives.
« Rapprocher les valeurs de la République de celles de l’islam »
Lors de la matinée qui se déroulait donc en présence de Manuel Valls, quatre tables rondes étaient organisées : « nous participions à la première, sur la sécurité des lieux de culte et l’image de l’islam », confie El Mamouni Mohamed Nassur. Les trois autres portaient sur la construction et la gestion des lieux de culte, sur la formation et le statut des aumôniers et des cadres religieux, et sur les pratiques rituelles.
L’après-midi, la restitution des travaux s’est faite en présence du ministre de l’Intérieur. « Des discours importants et des décisions tournées vers la lutte contre l’islamophobie, et l’expression d’un islam qui doivent casser l’image djihadiste qu’on lui donne », rapporte le cadi, qui précise que « des référents travailleront avec les préfets sur chaque territoire ».
A Mayotte plus particulièrement, si les mosquées sont peu menacées en dehors de têtes de cochon arrosées, « il a été décidé de protéger les mosquées du vendredi ».
Une instance de dialogue « lieu de mise au point et d’évaluation des actions, qui ne se substitue pas au Conseil français du culte musulman », dont on a malgré vu les limites lors des attentats de janvier.
C’est la première fois de mémoire de religieux que des Mahorais sont invités à un tel événement nous confie, ému, El Mamouni, qui a eu le sentiment d’être écouté et même cité au cours des tables rondes. Pas étonnant quand il en donne une synthèse : « nos échanges ont permis de rapprocher les valeurs de la République de celles l’islam. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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