Premier dialogue politique entre les Comores et l’Union européenne. Rappelant l’attachement des Comores «au retour de l’île sœur dans son ensemble naturel», le chef de la diplomatie comorienne souhaite que l’Europe se préoccupe des migrants entre Anjouan et Mayotte.
De la «générosité». Voilà ce que réclame l’Union des Comores à l’Europe face au drame des migrants qui périssent en mer en tentant de se rendre à Mayotte. Ce jeudi avait lieu le premier dialogue politique entre l’Union européenne et les Comores, l’occasion pour Abddoulkarim Mohamed, le chef de la diplomatie comorienne, d’aborder les sujets importants pour son pays.
«Il serait souhaitable que (l’Europe) tourne le regard et sa générosité vers ces 70 kilomètres de bras-de-mer qui séparent deux îles de notre pays, devenus un grand cimetière marin pour de nombreux Comoriens qui ne se résignent pas à considérer Mayotte comme un territoire étranger”, a dit Abddoulkarim Mohamed… Une façon de poser une toute autre question, celle de la souveraineté française sur Mayotte sans, bien entendu, aborder les raisons de fond de ces migrations.
Aucune analyse n’a été faite sur l’incapacité du pays à amorcer un développement économique, à assurer un système de santé minimum ou encore à lutter contre toutes les corruptions qui permettent ce qui n’est rien d’autre qu’un trafic d’êtres humains entre Anjouan et Mayotte.
La posture traditionnelle
«C’est au nom de la vérité et de la franchise que nous ne saurions, dans notre dialogue, éluder la question de Mayotte et que nous sommes fermement attachés au retour de cette île sœur dans son ensemble naturel», a également déclaré Abddoulkarim Mohamed.
Pourtant, comme toujours, une fois cette posture affichée, fini les envolées lyriques et retour aux réalités pour le chef de la diplomatie comorienne : «Malgré cette épineuse question de l’intégrité territoriale, la France reste notre premier partenaire au développement (…) Mayotte reste une priorité dans notre diplomatie, nous attachons une importance capitale à son retour, mais cela ne nous empêche pas continuer à coopérer et d’avancer sur d’autres questions”. De fait, la question de Mayotte n’a pas été discutée avec l’Europe.
68 millions pour les 5 prochaines années
Pour le chargé d’affaires de l’Union européenne, Aldo Dell’Arrici, il s’agissait d’abord de réaffirmer que «l’UE est garante du processus démocratique aux Comores». Quant aux différentes candidatures controversées dont celle de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi à l’élection présidentielle de 2016, Aldo Dell’Arrici s’est refusé à tout commentaire : «C’est à la Cour Constitutionnelle (comorienne) d’en décider. La France et l’UE observeront une stricte neutralité», a-t-il expliqué.
L’Europe qui coopère avec les Comores depuis 1958 et lance le 11e FED (Fonds européen de développement) pour la période 2015-2020. Le programme s’élève à 68 millions d’euros, en hausse de 20 millions par rapport au précédent (2008-2013). Il porte sur différents secteurs dont les transports maritimes et terrestres (36 millions d’euros), la gouvernance (17 millions d’euros) ou encore la formation technique et professionnelle (10 millions d’euros).
RR
Le Journal de Mayotte
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