Les indifférents ne représentent plus que 3% de la population… Pratiquement tout le monde a son mot à dire désormais sur la propreté de l’île. Si nous trouvons que le ramassage des déchets est plus régulier, ce n’est pas encore le nirvana puisque nous lui attribuons la note de 2,5 sur 10…
Pour ajuster les politiques publiques aux besoins de la population, le cabinet Insidens a lancé il y a trois ans un baromètre des déchets. Nous étions donc invités à nous prononcer sur l’état de propreté de l’île et sur les moyens mis à disposition pour y remédier.
Une première évolution est à noter : notre perception de la prise en charge du nettoyage. Si 54 % des personnes interrogées en 2014 étaient d’accord avec l’idée que la gestion des déchets était en train de changer, elles sont 66 % en 2015. Le matraquage médiatique, et les opérations de village y sont certainement pour quelque chose.
Mais aussi à la réalité puisque 36,7 % des sondés estiment que leurs déchets sont ramassés quand il le faut, soit le meilleur taux de satisfaction mesuré à ce jour (31 % en 2013, 26 % en 2014). Et ce sont les communes qui se sont mobilisées pour Insidens : « La propreté et la gestion des déchets ont notamment constitué l’un des sujets principaux de la campagne des dernières élections municipales en 2014. Des actions ont depuis été mises en place pour tenter de pallier les lacunes existantes. »
Et pourtant, nous trouvons l’île de plus en plus sale… Puisque 90 % des sondés jugent l’ensemble de l’île « sale », contre 74 % en 2014 et 55 % en 2013. Ce que l’étude explique par une meilleure implication des sondés, « un intérêt croissant pour la question : le pourcentage ne se prononçant pas sur le sujet est passé de 17 % en 2013 à 3 % en 2015 ». Plus dur pour les acteurs, 2,5/10, c’est la note moyenne attribué sur la gestion des déchets, contre 3,02 en 2014 et 3,30 en 2013 (1 signifiant très mauvais et 10 très bon).
Une prise de conscience qui se confirme par « l’intérêt pour les problématiques environnementales liées aux déchets et une forte adhésion aux processus mis en place » : 89 % des sondés sont d’accord avec l’affirmation suivante : « quand je jette mes déchets à la poubelle, je protège l’environnement ». De même, 88 % des sondés sont d’accord avec l’affirmation : « Réduire sa quantité de déchets est encore mieux que de recycler ou de jeter dans la poubelle ». Cette adhésion est majoritaire quel que soit l’âge, la catégorie socioprofessionnelle ou le sexe des personnes interrogées.
13% de moins trouve un impact au tri sélectif
En revanche, l’utilité pour l’environnement de trier ses déchets, après plus d’un an de pratique, qui provoquait un engouement massif, emballe moins les foules : si en 2014, ils étaient 95% à approuver l’idée que le tri sélectif contribuait à la propreté de Mayotte, il ne sont plus que 81,5%, soit plus de 13 points de moins.
Par contre, quand il s’agit de trier, on y va : en dehors des déchets de soins médicaux (inquiétant), 55% à 76% d’entre nous trions, par ordre croissant, les déchets électroménagers et électroniques, les ampoules et néons, et les piles, qui remportent la palme.
Il n’y a qu’à regarder les bas côtés des routes, les plages et les sentiers pour comprendre l’insatisfaction dominante des habitants. La véritable avancée concerne donc les attentes plus fortes des habitants, puisque seuls 3% d’entre eux ne se prononcent pas sur la question de la propreté de l’île.
Points de dépôts insuffisants pour la demande
De leur côté, dans un contexte financier particulièrement contraint, les communes réclament elles aussi un meilleur service pour leurs administrés au regard des sommes qu’elles doivent y consacrer. La commune de Dzaoudzi Labattoir avait décidé de se retirer de la gestion collective du ramassage des déchets du SIDEVAM 976 qui ne lui apportait pas satisfaction au regard de l’investissement qu’elle y mettait.
« Les éco-organismes, autres acteurs majeurs pour le tri et la valorisation des déchets, se déploient à Mayotte avec des moyens insuffisants par rapport aux besoins du territoire », juge Insidens. Ce que nous explique Anne-Constance Onghéna, qui dirige Insidens : « les éco-organismes comme Eco-système ou Corepil n’ont pas les mêmes moyens qu’éco-emballages, les points de dépôt des déchets correspondant (piles ou électroménagers), ne sont donc pas clairement identifiés, bien que les consommateurs soient demandeurs ».
Car les usagers souhaitent trier davantage et adhèrent aux nouvelles filières déployées, sans pour autant trouver les équipements suffisants ou disposer de l’information nécessaire.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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