Le départ des Comores des Jeux des Îles serait une question politique. L’incident autour du drapeau tricolore de la délégation de Mayotte masque en réalité l’incapacité des dirigeants comoriens à organiser le déplacement. «Mayotte est pleinement Française», rappelle le ministre Patrick Kanner.
Les premiers athlètes comoriens ont déjà quitté le sol réunionnais. «On leur a demandé de faire leur valise pour un avion à minuit», indiquait un sportif mahorais au JDM hier dans la soirée. Les choses n’ont donc pas trainé. Plus tôt, le ministre comorien des sports avait expliqué la position officielle de son pays : «On abandonne les Jeux. Nous allons rentrer lundi ou mardi, au plus tard. C’est officiel, nous ne participons pas aux Jeux réunionnais», a dit Ali Attoumani devant des athlètes souvent tristes.
Pour les sportifs, pourtant, pas question de faire part ouvertement d’un désaccord. «Ils subissent des menaces très sérieuses de représailles et de sanctions s’ils participent malgré tout», explique un athlète de la délégation mahoraise. Après une préparation de plusieurs années, après des entrainements compliqués par la proximité du ramadan et des épreuves, l’envie des athlètes d’en découdre sportivement s’est brisée brutalement.
Une décision prise le matin
Officiellement «la décision a été prise par le gouvernement de l’Union des Comores après la violation de la charte des jeux par l’île comorienne de Mayotte, sous la complicité de la Réunion», selon les termes employés par le journal comorien El-Watwan. En réalité, les choses se sont passées bien différemment. La décision avait été prise dès le samedi matin, bien avant la cérémonie d’ouverture.
Les Comoriens avaient d’abord choisi de ne pas participer à l’ouverture des Jeux. «Nous ne serons pas à la cérémonie», déclarait Madiane Mohamed Issa, président de la fédération comorienne de volleyball à nos confrères d’Al-Watwan, samedi matin. Finalement, décision est prise de défiler… et ainsi de se saisir du prétexte politique pour quitter l’événement sur un incident.
L’incident de la Marseillaise
Car les athlètes mahorais ont bien défilé derrière le drapeau tricolore et une double bannière «France océan Indien» puis «Mayotte». Mais l’incident a été déclenché par une Marseillaise. La délégation mahoraise a chanté l’hymne national lors de son passage à proximité des Comoriens. «La provocation de trop» pour Hassani Mohamed Aboudou, chef de mission des Comores qui a impulsé le mouvement de retrait.
Les Comores tenaient enfin de quoi camoufler l’incompétence de leur organisation qui a conduit à cette situation. Bien loin de la politique, leur premier problème dans ces Jeux fut l’incapacité de leurs responsables à gérer le déplacement.
Retards des visas
La délégation du pays a eu toutes les peines du monde à rallier l’île organisatrice en raison de l’énorme retard pris dans la procédure de demande de visas. Il est question de magnégné et d’argent.
Pour faciliter les choses, comme toujours, la France a mis la main à la poche. L’ambassade avait concédé la gratuité totale de ces visas. Mais de dossiers incomplets en procédures lancées à la dernière minute, tous les sportifs comoriens n’avaient pas obtenu le droit de rejoindre La Réunion à temps.
Le journal Al-Watwan parle du refus de visa pour «environ 48 membres de la délégation» comorienne, «30% de ses demandes». Et nos confrères de confirmer qu’en réalité, il s’agit bien du «principal motif du désistement des Comoriens à ces jeux régionaux». Manquent à l’appel, «3 footballeuses, 5 basketteuses, 3 volleyeurs, un boxeur, un haltérophile, un nageur et des responsables de l’athlétisme, du handball et de la boxe» dont les visas n’ont pas été accordés… De quoi, en effet handicaper lourdement les chances comoriennes dans de nombreuses disciplines.
La charte doit s’adapter
Dans ces conditions, l’incident du drapeau apparaît bien comme un prétexte alors que l’organisation du défilé avait été actée par l’ensemble des délégations. «Le statut de Mayotte a changé et Manuel Valls, le Premier ministre, l’a très clairement confirmé lors de son passage au mois de juin dernier. Il faut que nos amis de l’océan Indien le comprennent», a déclaré Patrick Kanner, le ministre des sports français qui a ouvert les Jeux. Il évoquait la reconnaissance de Mayotte par l’Union européenne en tant que une région ultrapériphérique.
«Les athlètes mahorais défileront sous le drapeau français et s’ils ont des médailles, ce que je leur souhaite évidemment, eh bien ce sera la Marseillaise. Mayotte n’est pas un sous-territoire français. Mayotte est pleinement Française et donc si la charte (des Jeux) n’est pas adaptée à cette situation, elle pourra, elle devra selon moi évoluer», a-t-il ajouté.
Les discussions prévues entre les ministres des sports de la région lors de la réunion de travail du jour promettent d’être franches et animées.
RR
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.