Plus de 600 personnes sont venues découvrir l’importance de la Zakat, véritable «impôt» codifié par le coran, ce week-end à Sada. Une formation sur la finance islamique était également organisée au moment où une start-up métropolitaine ouvre la 1ère agence spécialisée.
Dans un territoire qui change très rapidement, deux associations de Sada souhaitent remettre des valeurs et de l’éthique autour des questions financières. Samedi soir, Narivane et Uzuri wa Malesi ont accueilli plus de 600 personnes venues s’informer sur les obligations religieuses en matière de solidarité. Si la Zakat est un des piliers de l’islam, les fidèles sont peu nombreux à savoir précisément ce qu’elle signifie.
«La Zakat est très précisément réglementée par le Coran. Il s’agit d’un impôt que l’on doit acquitter à une date fixe vers les plus démunis», explique Moustoifa Ahamada de Narivane. Les textes religieux stipulent ainsi que tout fidèle doit estimer son patrimoine complet (argent, bâti, terrains…) et verser l’équivalent de 2,5% de cette somme à des personnes précises. Ce versement doit se faire chaque année à une date fixe qui correspond au moment où le fidèle a dépassé un certain niveau de patrimoine, le rendant imposable au regard des textes religieux.
Rattraper les années de méconnaissance
«Nous avons eu tellement de questions que nous avons été obligés d’interrompre avant de pouvoir répondre à tout le monde», relève Moustoifa Ahamada. Car pour toutes les personnes religieuses qui découvraient dans le détail la Zakat, il s’agissait de savoir comment cette pratique peut se concrétiser… Mais aussi de se mettre en conformité pour toutes les années où elles ne connaissaient pas le processus. «Pour les années passées, si la Zakat n’a pas été accomplie, le fidèle a une double dette, envers les pauvres et envers Dieu», explique Moustoifa Ahamada.
Au moment où une classe moyenne et supérieure a émergé à Mayotte, cet «impôt» religieux pourrait représenter des sommes très importantes au bénéfice des plus démunis et donc de l’économie mahoraise car cet argent serait immédiatement réinjecté dans le circuit permettant aux plus pauvres d’améliorer leur quotidien.
Une finance éthique
Dimanche, les associations avaient également profité de la présence de Mohammed Patel, spécialiste de ces questions, pour proposer une formation sur la finance islamique. Ils étaient 80 à souhaiter s’informer sur le fonctionnement d’un système bancaire ou d’assurance répondant aux règles du Coran. Les produits bancaires islamiques (comme la murabaha ou les sukuk), se revendiquent d’une finance responsable et éthique. Interdisant la spéculation, le recours aux taux d’intérêt ou les investissements considérés comme nuisibles à la société (tabac, alcool, armement, pornographie, jeux d’argent…), ils sont acceptés et réglementés par le ministère de l’Economie.
Ce rendez-vous intervenait au moment où NoorAssur, une start-up métropolitaine spécialisée dans la finance islamique, ouvre sa première agence en région parisienne. Cette jeune pousse revendique déjà 3.000 clients et vise l’ouverture d’une vingtaine d’agences en métropole courant 2016.
Et dans l’océan Indien ? Des banques réunionnaises envisageraient de se lancer dans le segment dans les années qui viennent pour répondre à une demande d’une clientèle importante. Car cette finance «responsable» ne concerne pas que les musulmans. NoorAssur, par exemple, indique que plus de 15% de ses clients ne sont pas musulmans.
RR
Le Journal de Mayotte
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