Le “Marion-Dufresne” quitte ce jeudi La Réunion pour ses districts de l’océan austral. C’est sa première rotation après sa cure de jouvence à Dunkerque. Le navire emblématique des TAAF est attendu de pied ferme dans les bases par les hivernants.
Le navire n’avait pas touché la Réunion depuis février dernier. Amarré au port Est depuis lundi, le Marion Dufresne, bateau atypique et emblématique des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises), luit sous le soleil. Il a subi une profonde cure de jouvence dans les chantiers Damen à Dunkerque.
Il est de nouveau opérationnel et repart pour sa deuxième rotation de l’année ce jeudi en fin d’après-midi. À bord et sur le quai, dockers et équipage sont à l’œuvre depuis lundi. Les districts austraux, à 3.000 km au sud de la Réunion, l’attendent avec impatience pour la relève et leur ravitaillement après neuf mois sans apercevoir sa coque à l’horizon. Les cales et les soutes se remplissent.
Patrice Rannou, chef des opérations et expéditions australes depuis neuf ans, a le sourire. Il reprend du service à bord du Marion. Talkie-walkie à la ceinture, le “chef d’orchestre”, comme il image, dirige les opérations de chargement. “Il faut en général trois jours pour tout faire”. En faisant le tour des ponts, il signale : “Là, dans ces quarante fûts, se trouve le gazole nécessaire pour un an pour Tromelin“.
Ici, ce sont onze caisses pour le CNES (Centre national d’études spatiales) qui sont déjà à bord pour convoyage à Kerguelen. Du matériel dont la valeur atteint 1,5 million d’euros. Au total, le navire peut embarquer 2.500 tonnes de fret. Pour les besoins du navire, 1.600 tonnes de diesel ont été soutées à Maurice. 1.000 m3 de gasoil sont chargés pour alimenter en énergie les bases.
Vers les îles françaises isolées
À Crozet, Saint-Paul et Amsterdam, les bases disposent encore d’une réserve de six mois. Le stock de Port-aux-Français à Kerguelen commence à s’épuiser avec seulement deux mois de visibilité. Du matériel, dont des big bags pour les travaux sont également chargés. Soit à l’eau soit à l’air comprimé, les caisses sont traitées pour éviter l’introduction d’espèces exotiques envahissantes dans ces îles éloignées à la biodiversité unique et fragile. À l’infirmerie, un stock impressionnant de médicaments permettant de traiter toutes les pathologies s’entasse. Le matériel est supervisé par Paul Laforêt, médecin chef des TAAF.
“Nous sommes loin de tout. Il faut être paré à toutes les éventualités. Notre mission, pour les huit médecins qui partent en mission chaque année dans les Taaf, est de stabiliser, protéger et évacuer avec les moyens à notre disposition”. Des vivres sont également sur la liste des achats.
Côté hommes, le navire va également faire le plein. Sur les 114 places passagers, 112 ont trouvé preneur.
Il embarque 75 % à 80 % de personnel des TAAF pour assurer la relève des hivernants, dont les trois nouveaux chefs de districts. Le Marion va d’abord filer à Tromelin, avant de commencer sa tournée à Crozet. Le Marion Dufresne, qui coûte chaque année 13 millions d’euros à la collectivité, reste un élément clé pour faire vivre les îles australes.
B.G.
Le JIR
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