110 mesures sont proposées par la ministre Pau-Langevin qui devront répondre aux problèmes rencontrés par les jeunes ultramarins. Une formation des futurs enseignants à la culture locale est au menu, avec à Mayotte, un accent sur la gestion centralisée des constructions scolaires, la formation des maîtres ou la prise en charge des mineurs isolés.
Ce fut l’une des 38 mesures présentées par François Hollande lors de sa visite à Mayotte en août 2014 : le Plan Jeunesse a été rendu public ce jeudi par la ministre de l’Outre-mer, George Pau-Langevin.
Issu d’un travail interministériel, plus de 300 millions d’euros ont été dégagés pour ce plan qui devrait concerner 1,2 million de jeunes ultramarins, soit près de la moitié de la population des Outre-mer.
La jeunesse est à la fois une force pour un territoire, mais livrée à elle-même, elle peut vite devenir un problème insoluble.
«Toutes les propositions formulées reposent sur les principes intangibles qui garantissent à tous les jeunes ultramarins de pouvoir bénéficier d’une éducation de qualité et de disposer de formations et de dispositifs leur permettant une insertion professionnelle réussie», assure le communiqué du ministère de l’Outre-mer.
Il s’articule autour de cinq grandes priorités : la réussite éducative, la transition entre la formation et l’emploi, l’autonomie et la prise d’initiatives des jeunes, l’insertion professionnelle et sociale et la lutte contre la délinquance et la promotion du «vivre ensemble».
Un bilan local bi-annuel
Les 110 mesures dédiées devront intégrer dans chaque territoire un calendrier de mise en œuvre. Dans chacun d’entre eux, un comité de suivi de ces mesures associant l’Etat, les collectivités locales et les associations, sera mis en place. Les préfets présenteront en réunion semestrielle le suivi des différentes mesures, mais la ministre de l’Outre-mer garde la main in fine en présidant une commission qui dressera un bilan annuel de ce plan.
Ces mesures très concrètes sont, pour certaines, communes à l’ensemble des Outre-mer comme la mise en place d’une formation portant sur la culture et les traditions locales à destination des enseignants nouvellement affectés dans les Outre-mer. C’est également le cas du déploiement des programmes de réussite éducative (PRE) dans les collèges REP+ et dans les écoles associées des quartiers prioritaires qui n’en sont pas dotés. D’autres mesures sont adaptées à chacun des territoires.
Ainsi, en Guyane, le développement de l’accès à l’information, à la culture et à l’Education dans les secteurs isolés, sera priorisé. A La Réunion, c’est la poursuite de la garantie jeune, aux Antilles ce sera le déploiement des contrats Haute qualité éducative. Mayotte bénéficie de 16 mesures spécifiques et d’actions conjointes avec la Guyane.
Rétrocession des écoles aux communes
«Plusieurs mesures sont déjà en place dans l’ensemble des territoires, et nous les confortons, d’autres sont à construire», précise le ministère des Outre-mer contacté par le JDM.
C’est tout d’abord la construction scolaire qui est à l’honneur dans notre département, avec l’élaboration d’une programmation pluriannuelle, déjà initiée par la préfecture et les maires, l’attribution au préfet des pouvoirs de gestion des constructions scolaires, la finalisation de la dissolution du SMIAM, Syndicat mixte en charge de la construction scolaire, qui fait là les frais d’une mauvaise gestion, la rétrocession des écoles aux communes qui devront les entretenir, le maintien de la cellule de construction scolaire qui leur vient en appui et affecter les moyens humains et financiers à son fonctionnement. Une pré-scolarisation est aussi au menu.
Accès à la lecture publique
Le deuxième grand chapitre, commun avec la Guyane, porte sur la restauration scolaire avec la création d’un Comité départemental de la restauration scolaire, en professionnalisant les acteurs à la gestion et en améliorant la qualité nutritionnel de la collation en favorisant le recours aux produits locaux, tout en évoluant progressivement vers le système du plateau repas.
Autres points, la formation des maîtres en développant une formation initiale, le déploiement d’une plate forme de lutte contre l’analphabétisme et l’illettrisme sous une co-gouvernance Etat-département, le renforcement de l’offre de formation, la facilitation de l’accès à la lecture publique par la création de la structure régionale du livre, l’extension de la garantie jeunes, et la lutte contre la délinquance avec plusieurs mesures générales à l’Outre-mer, mais avec pour Mayotte, le développement des structures éducatives et d’encadrement ainsi que la prise en charge des mineurs en situation d’isolement ou de grande difficulté.
Ce dernier point est naturellement très attendu et méritera d’être étayé.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.