La semaine a été particulièrement difficile sur le front de la délinquance. A la masse désormais habituelle de faits divers se sont rajoutés trois faits, a priori sans aucun lien les uns avec les autres, mais qui indiquent pourtant que les auteurs d’actes de délinquance adoptent de nouveaux lieux et de nouveaux comportements.
Mercredi et vendredi, deux bandes cagoulées et organisées ont mené des attaques selon un mode opératoire assez inédit à Mayotte. Dans le quartier des Hauts Vallons d’abord, une avocate était violemment agressée alors qu’elle pénétrait à l’intérieur de l’immeuble où est installé son cabinet. Le mobile de l’attaque n’est pas encore établi avec certitude, mais l’exercice de son métier ne serait pas étranger à ces violences.
Hier ensuite, un commando, là encore cagoulé et qui avait parfaitement prémédité son action, a mené un vol à main armé à Tsararano. Le commerçant, sérieusement blessé, a été conduit au CHM. Les malfaiteurs s’étaient donc organisés pour se masquer le visage mais aussi pour scénariser leur action, se répartissant des rôles et des armes pour parvenir à repartir avec la caisse.
On est désormais loin des bandes de bras-cassés qui tentaient de piquer trois sous dans les stations-services, des braqueurs un peu losers aux braquages magnégné. Ces deux équipes ont montré que désormais, à Mayotte, des bandes sont capables de mener des vols à main armée ou des actions commando parfaitement planifiés.
Tous des cibles
Les 3es faits qui viennent conclure cette semaine, se sont déroulé sur le Mont Choungui, hier vendredi en début d’après-midi. Trois groupes de personnes se sont fait successivement détrousser, entre midi et 14 heures par trois individus. Et les touristes-randonneurs étaient visés au même titre que les résidents.
Ce sont d’abord deux jeunes femmes à Mayotte pour des missions de quelques mois qui ont été contraintes de remettre leur sac, puis un couple qui avait choisi de monter le Choungui dans une prestation d’un hôtel de l’île. C’est enfin un Mahorais qui a été dépouillé à son tour et qui a été invité, comme les autres victimes, à aller tenter de reconnaître les individus sur des planches de photos à la gendarmerie de Mzouazia.
Car si les agressions n’ont, semble-t-il, pas été toujours violentes, les individus étaient tout de même armés d’une bombe lacrymogène et de chombo et la gendarmerie aimerait bien savoir s’il s’agit du retour de la bande qui avait pris ses quartiers au pied de ce lieu touristique emblématique de Mayotte en juin et juillet dernier.
Un des agresseurs présumés de juillet au tribunal
Le 9 juillet dernier, les gendarmes parvenaient à coincer un des membres présumé d’un groupe qui détroussait, parfois sans ménagement, les randonneurs du Mont. Leurs méfaits avaient duré près de trois semaines et la gendarmerie avait alors déployé un dispositif important pendant près de 10 jours pour tenter de les arrêter.
Elle était parvenue à identifier les 5 individus mais à n’en interpeller qu’un seul. Il sera d’ailleurs jugé dans les jours qui viennent et devra répondre de 5 agressions commises aux abords du Choungui, entre le 21 juin et le 2 juillet. A chaque fois, les victimes étaient des couples ou des jeunes femmes à qui il dérobait, avec ses complices, des appareils photos, des caméras Go-Pro, des clés, des sacs à dos et parfois des chaussures qu’il revendait ensuite pour se faire un peu d’argent.
Des randonnées les poches vides
En revanche, impossible de savoir ce que sont devenus les autres membres de la bande. Deux seraient partis rapidement vers Anjouan pour se mettre au vert et se faire un peu oublier. Sont-ils revenus ? Où de nouveaux individus ont-ils pris le relai ? L’enquête est actuellement diligentée par les gendarmes du COMGEND de Mayotte.
Mais ce retour des faits de délinquance au Choungui montre qu’il faut désormais vivre avec une une insécurité qui s’installe durablement aux abords des derniers lieux touristiques qui n’étaient, jusqu’à peu de temps, pas concernés. Comme aux Marches d’Acoua, mieux vaut donc partir sans un sou et les mains dans les poches pour profiter de ces lieux magnifiques. A défaut de faire des images avec des appareils photos sophistiqués, c’est le moyen de se faire de beaux souvenirs, rien que de beaux souvenirs.
RR
Le Journal de Mayotte
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