C’est ce qu’il ressort d’une conférence de presse organisée ce vendredi avec les responsables régionaux du tourisme, dont le directeur du concept Iles Vanille. L’île ne doit plus s’abriter derrière ses problèmes mais dégager des solutions pour chacun d’entre eux. Des pistes sont proposées. Soumises à une volonté des politiques.
Allier une rando au Piton de la Fournaise avec une plongée parmi les poissons-cocher de Mayotte, c’est le rêve offert par les Iles Vanille. C’est pour faire face à un secteur touristique de plus en plus concurrentiel que 7 îles de l’océan Indien, Madagascar, les Comores, Mayotte, Maldives, Maurice, La Réunion et les Seychelles, avaient préféré mettre leurs énergies en commun en 2011 en créant le concept Iles Vanille. « Il y a 15 ans, le marché du tourisme se résumait à 150 destinations, elles sont 700 maintenant, un nombre qui augmente constamment », constate le directeur des Iles Vanille, Pascal Viroleau.
En visite pour la première fois sur notre île, il était accompagné d’une délégation composée de Rechad Moolye, Adjoint au directeur de cabinet du ministre mauricien du tourisme, et Azzedine Bouali, président de la Fédération Nationale des Offices de Tourisme – Syndicats d’Initiative de La Réunion, tous invités au Salon du Tourisme et de Loisir de Mayotte par la président du Comité départemental du tourisme, Fatimatie Bintie Razafinatoandro.
Alors que le site américain de référence en matière de réservation Booking.com investit un milliard d’euros de dollars par an sur le net, la nécessité de coopérer et de mutualiser les moyens ne se discute plus.
Des investisseurs dragués sur un foncier « pas propre »
Quelques fruits sont déjà récoltés : « on enregistre entre 2013 et 2014 une augmentation de 11% des combinés Réunion-Mayotte », rapporte Pascal Viroleau.
Mais on le sait, le concept ne pourra fonctionner que si Mayotte se dote d’une vraie volonté de développer son tourisme : « c’est une décision politique. En 1971, Maurice était pauvre en infrastructures lorsque la décision a été prise de s’afficher comme destination touristique. Nous sommes pourtant aujourd’hui très prisés en Europe. Or, nous découvrons votre lagon, vous méritez d’être connu mondialement », affirme Rechad Moolye.
Les déficiences de Mayotte freinent la mise en place de combinés avec les autres îles : « pour Maurice, vous n’avez pas assez d’offre hôtelières ». Plusieurs raisons à cela.
« Le foncier des quatre sites retenus au Plan d’aménagement et de développement (PADD) de Mayotte, n’étaient pas propres, pas accessibles, on a pourtant lancé des appels en direction des investisseurs », rappelle Michel Ahamed, directeur du Comité départemental de tourisme de Mayotte. Les terrains appartiennent essentiellement au département à Mayotte. La prise de conscience du conseil départemental qu’affiche la présidente du CDTM est donc la bienvenue, « mais avec l’aide des services de l’Etat », nous glisse-t-elle. Il faut donc que l’épine du foncier sur laquelle travaille le sénateur Thani Mohamed Soilihi, soit retirée.
Ne pas faire de l’insécurité, une fausse excuse
Et on apprend que la présidente du CDTM a réactivé le Comité technique et le comité de pilotage des sites PADD, « qui était désactivés depuis un an »…
Autre raison : les investisseurs sont découragés par le maigre panel des liaisons aériennes, « vous devez activer votre compagnie régionale Ewa air pour assurer des liaisons directes vers les îles Vanilles », souligne Pascal Viroleau. Moïse Issoufali, Actionnaire d’Ewa Air avec Ylang Invest et représentant des agences de voyage au CDTM, est d’ailleurs présent à la conférence de presse.
Pour le directeur du concept Ile Vanille, seule la volonté prime et aucune excuse ne peut être mise en avant par les politiques. Pas même l’insécurité. « Les pays africains ont ce même soucis. Les chaînes hôtelières privées assurent elles-mêmes la sécurité, ce qui permet de créer des emplois. C’est un point difficile, mais pas rédhibitoire ». Et pas plus que la compétence : « si le tourisme ne décolle pas, à quoi servirait-il de former des jeunes. Mais si vous avez 5.000 russes en découverte sur place, le secteur privé engagera des formations à la langue. »
C’est Azzedine Bouali qui enfonce le clou : « Tout le monde doit s’impliquer chez vous, les prestataires comme la population. Le Mahorais doit prendre son destin en main. » Et entre autre, faire du tourisme dans sa propre île, « quand vous dégustez un bon plat ou que vous découvrez un site sympa, faites le savoir à vos amis sur les réseaux sociaux ». Pour Michel Ahamed, chaque habitant doit être « consommacteur ».
Volonté et financement, voilà ce que la population doit attendre de ses élus. « Et si on ne regarde que les problèmes, on n’y arrivera jamais. Il faut un plan général de bataille et avancer », conclut Pascal Viroleau.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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