Entité méconnue, le CESEM est pourtant l’organe de conseil du département, sur les projets de loi, ordonnances ou décrets qui régissent la vie du département. En publiant leur premier journal, ces élus veulent prendre part aux débats sociétaux de notre territoire.
C’est un peu frustrant pour ces hommes et ces femmes qui pourraient être vous et moi : les conseils de bonne gestion qu’ils délivrent au département passent souvent à la trappe. Non qu’ils ne soient pas pertinents, mais parce que souvent saisis, et donc lus, trop tard par ceux qui sont aux manettes du conseil départemental, mais aussi parce qu’il leur fallait un relai auprès du grand public. Si les médias locaux remplissent tant bien que mal ce rôle, ils ont choisi d’avoir leur propre organe de presse, « Shiwara », « concertation », en français.
Le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (CESEM), deuxième assemblée du département créée en 2004, est composé de représentants de la société civile : des chefs d’entreprise, des représentants syndicaux, médecins, de simples salariés, des banquiers… « souvent des gens habitués à jouter dans des contextes de règlement de conflit qui ont su adapter leur vision du dialogue », tient à souligner Abdou Soimadou Dahalani, le président du CESEM, qui y voit aussi l’avantage du brassage, « mzungus, mahorais, réunionnais, antillais, « un mélange des cultures valorisant. »
« Pas de gestion politico-administrative »
Affichant en Une le visage d’un jeune tourné vers l’avenir, le premier numéro est centré autour de la visite du grand patron national de la structure, Jean-Paul Delevoye, président du CESE, qui s’était exprimé sur la mission du CESE de Mayotte, « prôner une société du dialogue par rapport à une société du conflit et avec la capacité de ne pas tomber dans la gestion politico-administrative et les débats sectoriels. »
C’est en effet le piège dans lequel ne doivent pas tomber les deux assemblées, le conseil départemental ayant parfois du mal à entendre les avis de celui que nous avions qualifié de « Jiminy Cricket » : « l’idéal serait de travailler ensemble en amont, j’avais d’ailleurs proposé au nouveau président la tenue d’une inter assemblée », souligne le président.
Tiré à 1.000 exemplaires, Shiwara sera diffusé auprès du conseil départemental mais aussi aux CESE de métropole.
« On vous l’avait bien dit ! »
On y trouvera nos positions sur des sujets d’actualité, « le dialogue social par exemple ou l’arbitrage entre relance et rigueur », glisse Isabelle Chevreuil, CCI et vice-présidente du CESEM, « ou des interviews de personnalités de passage », complète Nadine Hafidou, Entreprendre au féminin.
Et pour mettre un visage sur ces conseillers, un trombinoscope est glissé dans ce premier numéro d’un magazine qui se veut trimestriel pour l’instant, « mais qui peut évoluer vers un mensuel. »
Leur avenir collera encore davantage à l’actualité avec l’organisation d’au moins un forum annuel, « sur la problématique agricole par exemple », et un travail avec d’autre CESE, dont ceux de La Réunion et de Bretagne « dont on va récupérer un agent pour développer d’autres thématiques. »
Le must, c’est sans doute la rubrique intitulée « Flash Info », « mais qui aurait du s’appeler on vous l’avait bien dit ! », rectifie Nabilou Ali Bacar, le directeur du CESEM, « puisque nous reprenons des préconisations non entendues, comme le budget des constructions scolaires que nous avions estimé en 2010 à 15 millions d’euros là où il était encore à 5 millions par an, ou la retenue à la source que nous aurions du conserver. » Du Jiminy Cricket on vous dit !
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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