Le conseil départemental et la chambre de commerce (CCI) ont dressé un très bon bilan de la participation d’une délégation mahoraise à la 51e foire internationale de Maputo (FACIM), la capitale du Mozambique voisin. Avec pour des entreprises de Mayotte, des marchés à la clé.
Pas question de prendre des pincettes. Le nouveau conseil départemental vante ses orientations en matière de développement économique par l’export en taclant sans ménagement les choix de la précédente majorité. «On a changé. Depuis 2001 que le département fait de la coopération, on n’a jamais eu cette façon de travailler», commence Mohamed Sidi, 6e vice-président du CD.
«Jusqu’à présent, 80% des budgets étaient orientés vers la coopération culturelle. On va faire moins de tourisme et de festivals qui ne servent à rien et plus d’économie. Nous approchons déjà les 60% pour la coopération économique et notre objectif est d’atteindre le 80% à la fin de la mandature», complète Ben Issa Ousseni, le 7e vice-président. L’objectif, c’est créer de véritables flux d’exportation pour favoriser l’emploi à Mayotte.
«L’export constitue la voie qui va permettre à nos entreprises de se développer, on ne peut plus se confiner à notre petit territoire», rajoute Ali Hamid Mohamed, le président de la CCI. «Ils faut que nous allions chez eux, qu’on mène la bataille chez eux».
Le Mozambique, l’Eldorado
De fait, le Mozambique avec ses 26 millions d’habitants, sa croissance démographique et économique (+7,4% par an), à 500 km de nos côtes fait figure de «nouvel eldorado», selon les mots du président de la CCI qu’il n’est pas question de laisser aux Sud-africains, aux Européens voire aux Réunionnais… Qui n’hésitent à pas à utiliser l’argument de la proximité de notre département français.
A Maputo, la délégation de Mayotte appuyée par Business France, est arrivée en «prospection économique» et elle n’est pas passée inaperçue, comme en témoignent les 3 chefs d’entreprises venus présenter leur propre bilan.
ETIC, une société de service en ingénierie informatique, qui compte 11 salariés, est satisfaite d’avoir obtenu une vingtaine d’entretiens avec des dirigeants de haut niveau pour présenter ses activités. «On a considéré qu’on avait atteint un niveau de compétence qui nous permet d’aller ailleurs», explique Feyçoil Mouhoussoune. Agréablement surpris du très bon a priori de leurs interlocuteurs pour les savoir-faire français et par la proximité culturelle, ils se donnent de 3 à 6 mois pour concrétiser ces opportunités.
Des parts de marché pour doubler les chiffres d’affaires
«On a réellement des choses à apporter et des marchés à décrocher. Si on n’obtient que quelques dixièmes de part de marché, on pourrait déjà doubler voire tripler notre chiffre d’affaires», relève Feyçoil Mouhoussoune. Même satisfaction pour Soulé Sourane Mohamed de Serve-U, spécialisé en ingénierie monétique et en logiciels pour les collectivités. «Grâce à Business France, les rendez-vous étaient bien préparés, bien ciblés, c’est une autre dimension de business pour nous», confirme-t-il.
Autre entrepreneur heureux, Bourahina Ali Ousséni, de la société One Dog. Depuis 2009, l’entreprise s’est lancée sur le marché de la sécurité et de l’élevage de chiens de race, dressés pour la garde et la neutralisation d’individus malveillants. «Le Mozambique se dirige vers une interdiction des armes pour les agents de sécurité et l’alternative, ce sont des chiens de garde et des agents de sécurité formés».
One Dog pourrait vendre jusqu’à 25 chiens au Mozambique d’ici à la fin de l’année et accompagner des entreprises dans la formation de leur personnel. Elle souhaite même ouvrir une succursale sur place.
L’équipe Mayotte
Tous soulignent quelques problèmes comme la langue (Portugais ou Anglais) auxquels ils ont été confrontés, ce à quoi Mohamed Siddi répondait par l’importance de développer Erasmus + pour que les jeunes Mahorais maîtrisent des langues étrangères. Une coopération avec les alliances françaises de Tanzanie devrait aussi se mettre en place pour accueillir des jeunes pendant un an dans le pays.
«Une flamme s’est allumée à Maputo et elle ne s’éteindra pas», affirme Michel Taillefer de la CCI. «Quand on est unis, quand on l’équipe Mayotte à l’extérieur, on peut gagner», souligne-t-il. C’est aussi l’avis du conseil départemental : Mohamed Sidi promet un plan d’accompagnement économique vers l’international pour le début de l’année prochaine.
RR
Le Journal de Mayotte
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