Les «progrès sont en panne». C’est le constat du milliardaire Mo Ibrahim dont la fondation vient de publier le 7e indice de la gouvernance africaine. Maurice est 1er du classement, les Comores et Madagascar très loin derrière.
C’est une moyenne de quatre critères, politiques, économiques, institutionnels et sociaux eux-mêmes établis à partir de 93 indicateurs. L’indice de gouvernance publié par la fondation Mo Ibrahim est devenu une référence car il permet de suivre l’évolution de chaque nation. Et à l’heure où le continent baigne dans un «afro-optimisme», les résultats de l’édition 2015 devraient calmer les esprits. «La progression de la gouvernance en Afrique faiblit», indique l’homme d’affaires et philanthrope d’origine soudanaise Mo Ibrahim.
Au premier regard en effet, le classement des 54 pays du continent demeure inchangé. On trouve toujours au sommet de l’indice Maurice, le Cap Vert, le Botswana, l’Afrique du Sud et la Namibie suivis des Seychelles. Clairement, l’Afrique australe, aussi bien continentale qu’insulaire, montre toujours l’exemple.
A l’autre extrémité, les mauvais de la classe sont toujours la Libye, la République démocratique du Congo (RDC), le Tchad, l’Érythrée, le Soudan, la République centrafricaine, le Sud Soudan et la Somalie qui ferme la marche.
Mais les conditions de la gouvernance se sont détériorées dans vingt et un pays, de 2011 à 2014, y compris dans les 3 états qui dominent le classement.
Pas assez de pays en progrès
«Il est remarquable que cinq des dix États de tête voient leurs performances reculer notamment en raison de l’environnement des affaires car leur solidité bancaire et leurs procédures douanières se dégradent, commente Nathalie Delapalme, directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim. Le développement humain continue à progresser tiré par la santé ; toutefois, il y a un souci du côté de l’éducation qui s’améliore en qualité, mais qui débouche toujours difficilement sur un emploi».
Parmi les pays qui affichent des progrès, on trouve la Côte d’Ivoire, la Tunisie, le Maroc et Madagascar. Mais le résultat de la Grande Île reste à relativiser. Il intervient en effet après un effondrement continu entre 2008 et 2011 et le pays est loin d’avoir retrouvé les niveaux qui étaient les siens avant la crise politique qui l’a lourdement plombé.
Madagascar se classe 29e/54 pour la gouvernance globale mais elle n’est plus que 45e sur le seul critère du développement humain.
Les Comores à la 32e place
Quant à nos voisins des Comores, ils sont 32es sur 54 pays dans le classement général, un niveau qui les situe dans la 2e moitié du tableau. L’Union des Comores est 22e pour la «sécurité et l’état de droit», 23e pour le développement humain, 24e pour les droits de l’homme mais le pays s’effondre à la 47e place pour le développement économique avec par exemple un des pires niveaux de développement du secteur agricole (48e) à l’échelle continentale.
Pour autant, comme Madagascar, le pays enregistre un léger mieux.
«C’est un signal d’alarme pour chacun d’entre nous. Seules des améliorations partagées et durables dans chacun des domaines de gouvernance assureront aux Africains l’avenir qu’ils méritent et exigent», a commenté Mo Ibrahim. Et pour pousser la démarche toujours plus loin, la Fondation décernera, en février 2016, le prix «du gouvernant qui a fait du bien à son peuple et qui a quitté ses fonctions dans le respect de la Constitution».
RR
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