Ils étaient un peu moins d’une centaine à s’être rassemblés ce dimanche matin à l’entrée du village de Mtsamboro. L’expression d’un ras le bol des pillages de culture et d’actes de délinquance.
Un rassemblement qui répondait prioritairement aux problèmes de foncier qui sévissent notamment à Bouyouni depuis quelques mois. Plusieurs propriétaires de terrain se retrouvent dépossédés par des cultivateurs accusés d’être en situation irrégulière sur le territoire. Donnant libre cours à des tensions de plus en plus violentes. Il y a deux semaines, un homme en situation irrégulière avait même été brièvement séquestré par une foule en colère, qui était auparavant intervenue pour détruire les cultures illégales.
C’est une manifestation pacifique qui a défilé ce dimanche matin, du village de Mtsamboro à Mtsahara. En tête, le conseiller départemental du canton, Aynoudine Salime, le maire de Mtsamboro, Harouna Colo, mais aussi l’ancien président du conseil départemental Daniel Zaïdani et l’association dont il est membre, Oudahila Haki za Maoré (Défense des droits des Mahorais), les Femmes leaders, le Collectif de Mtsamboro, ainsi que des syndicalistes comme Ousseni Balahache.
Compétences d’élus
« Nous avons voulu exprimer un ras le bol dans le calme, il n’y a d’ailleurs pas eu de débordements », explique Aynoudine Salim. Une première réaction, qui devrait être suivie d’une table ronde organisée au conseil départemental en présence de tous les acteurs Etat, départementaux et municipaux. Mais une telle réunion s’était tenue il y a un mois, sans apporter une quelconque solution. « Tout cela va déboucher un jour sur une marche géante à Mamoudzou si on ne fait rien avant. »
Mais agir contre les pillages de terrains, contre les vols et les violences, c’est aussi une des compétences des élus qui défilaient : « nous savons que beaucoup de terrains appartiennent au conseil départemental, et qu’il va falloir prendre des délibération pour régulariser la situation », confiait Aynoudine Salim.
Ce sera aussi une des tâches de l’Etablissement public foncier, qui arrive bien tard, bien que demandé depuis au moins 6 ou 7 ans. Des années perdues pendant lesquelles le problème n’a fait que se complexifier au rythme des successions.
Les élus ont l’air déterminés à faire avancer les dossiers qui sont de leurs ressors au sein notamment de la Maison départementale du foncier, mais aussi dans les mairies où la loi offre des possibilités d’action en justice contre l’exploitation illégale des biens fonciers.
A Mtsamboro, on craint la généralisation de ce tension à l’ensemble de l’île, « il faut espérer qu’on arrivera à contenir la population dans ce cas ! », s’inquiète le conseiller départemental.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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