Le dernier volet de formation des cadres et élus des municipalités mahoraises, avait mis en évidence un état déficitaire du SIDEVAM 976 en charge de la collecte et du traitement des déchets. Un problème qui rend méfiantes les intercommunalités naissantes, qui doivent récupérer au 1er janvier 2016 la gestion des déchets.
Que faire ? Que chaque intercommunalité envoie ses élus communautaires, et non plus communaux, au SIDEVAM en risquant de plomber ses comptes, ou créer des structures propres à chacune des interco, quitte à aller à contresens de la réforme de la loi NOTRe qui veut mutualiser les moyens ?
Car en y regardant de plus près, on comprend que le SIDEVAM 976 effraie… Avec prés de 220 agents dont quelques-uns issus d’emplois de complaisance des précédents syndicats, avec un matériel hérité des mêmes feux SIVOM, vétustes et inadaptés, et enfin, pour une gestion de l’ensemble aléatoire, si l’on prend en exemple uniquement un appel d’offre sur un marché de matériel roulant, qui a du être relancé parce que mal calibré.
Réaffecter personnel et matériel
Qu’en disent les maires ? Certains n’hésitent pas à vouloir externaliser vers le SIDEVAM, quel qu’en soit le prix, quand d’autres, aux budgets les plus déficitaires, y réfléchissent à deux fois. D’autre part, Mamoudzou, future communauté d’agglomération, a sa propre collecte. Quant à Petite Terre, seule intercommunalité à avoir été créée avant la loi NOTRe d’août, elle a encore un an, jusqu’au 1er janvier 2017 pour récupérer la gestion des déchets. Un consensus difficile à obtenir sur l’ensemble du territoire donc.
Le moins inquiet semble encore le président du SIDEVAM 976, Hassani Saindou Bamcolo, également maire de Koungou, qui propose une solution. Non sans avoir fait part de son mécontentement de voir un travail mené depuis un an et demi remis à zéro, « avec le passage d’élus communaux à intercommunaux, le SIDEVAM change de statut, il faut donc réaffecter le personnel et le matériel ! ».
Une stratégie risquée
La seule stratégie valable pour lui est de conférer la collecte à chaque nouvelle intercommunalité, « ça peut aller très vite du coup », et parallèlement les laisser se fédérer autour du SIDEVAM pour le traitement. Que chaque communauté de communes ait sa propre collecte, il est d’accord, « cela apporte une contradiction à la loi, votée pour mutualiser les moyens, mais c’est la seule solution viable. » Sans compter les inégalités de traitement en fonction des compétences et des finances intercommunales.
Et pas question de speeder l’élu : « les intercommunalités ne sont pas encore créées, tout va se faire tranquillement au cours de l’année. »
Pour mener à bien le chantier, un nouveau DGS sera nommé, « que j’ai rencontré à Paris, et qui arrivera en début d’année prochaine. » Car il faudra que chaque interco récupère son passif et son actif du SIDEVAM-collecte… pas simple.
Un problème de taille se pose cependant, et le président du SIDEVAM en convient : un marché d’environ 2 millions d’euros avait été passé pour commander de nouveaux camions, « une dizaine », des bacs, et qui sollicitait des fonds européens… sous la structure SIDEVAM 976. Si la collecte est décentralisée, cela change la donne, ce que n’affectionne pas particulièrement l’Europe : « nous allons demander une dérogation », avance-t-il. Avec le risque inhérent de perdre ces financements.
La gestion des déchets qui avait un semblant d’allure structurée, avec la remise à plat de la collecte en Petite terre notamment, doit à nouveau se chercher une direction, « le législateur ne vous a pas fait de cadeau », avait prévenu le professeur Durand, formateur des cadres au CNFPT sur ce sujet la semaine dernière… Il n’a pas fini d’avoir raison.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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