Jean-Jacques Eledjam, le président de la Croix-Rouge, est venu à Mayotte se rendre compte des réalités du département et saluer le travail des salariés et des bénévoles. Il a aussi rappelé les valeurs du mouvement, pas toujours compatibles avec les choix faits dans notre département autour de migrants.
Après 2 années passées à la présidence de la Croix-Rouge française, Jean-Jacques Eledjam est venu pour la première fois à Mayotte. Le département est loin d’être inconnu pour l’organisation. Autonome depuis 2009, l’antenne mahoraise emploie «une vingtaine de salariés, auxquels s’ajoutent des services civiques et des emplois d’avenir», souligne Abdourahamane Anis, le président de la délégation de Mayotte.
Quant aux actions menées, elles sont nombreuses. Elles vont des formations de secourisme à la journée d’appel auprès des scolaires, en passant par les actions vers les jeunes et les plus démunis avec par exemple une aide alimentaire organisée dans huit espaces solidaires de proximité (ESP) mais aussi vestimentaire grâce à la vestiboutique de Passamainty qui permet d’acquérir chaussures ou vêtements à des prix très modiques.
Mayotte, c’est aussi une base aérienne épicentre de secours en cas de catastrophe dans le Canal du Mozambique ou en Afrique de l’est. L’association dispose à Pamandzi d’un hangar avec les stocks de la PIROI, la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien. Matériel et kits de survie, bidons, machines pour fabriquer de l’eau potable, lits de camps… Une masse de marchandises prête à être déployée en cas de besoin, comme ce fut le cas lors du cyclone Hellen pour la commune d’Acoua.
Des principes fondamentaux avec les migrants
Mais Mayotte, c’est aussi son centre de rétention administrative (CRA) sur lequelle le président de la Croix-Rouge se garde bien d’intervenir directement. Pas question pour lui d’entrer dans des débats politiques. Mais on se souvient que la position de l’organisation avait été la même à Mayotte et à Calais : dans les deux cas, la Croix-Rouge avait refusé de prendre en charge des interventions auprès des migrants pour ne pas cautionner une politique qui ne correspond pas à ses valeurs.
Jean-Jacques Eledjam reste, de façon très diplomatique, sur cette ligne rappelant les 3 principes incontournables pour la Croix-Rouge en matière de migrants : «l’inconditionnalité de l’accueil, la mise à l’abri et l’accompagnement. Tant que ces éléments ne sont pas réunis, on ne peut pas rencontrer la Croix-Rouge», explique-t-il. Et lorsqu’on lui fait remarquer qu’on en est loin à Mayotte, il rappelle subtilement que la Croix-Rouge est aussi un «rêve utopiste».
Jeunes en errance
Les présidents -national, Outre-mer et Mayotte- n’ont pas eu beaucoup de temps à eux. Avec Juliette Corré, la directrice de l’antenne mahoraise de l’ARS, ils ont parlé de la politique d’accès au soin. Avec le 4e vice-président de Département Issa Abdou, ils ont abordé de nombreux thèmes dont les addictions. Ils ont enfin visité l’hôpital de Dzaoudzi en compagnie de Florence Ghilbert-Bezard, la directrice de cabinet du préfet, pour évoquer la question de l’évaluation sanitaire des migrants et de leur accueil.
Pour 2016, la Croix-Rouge à Mayotte est porteuse de nouveaux projets. Elle compte s’atteler au renforcement des dispositifs de protection de l’enfance sur la commune de Koungou, en doublant les effectifs de l’équipe de prévention spécialisée. Elle voudrait aussi mettre en place un lieu d’accueil de jour pour «les jeunes en errance».
Des questions d’immobilier et de climat
L’organisation souhaite aussi développer un service d’accompagnement dans le logement, mener à bien un projet de sensibilisation de la population aux risques de catastrophes naturelles et enfin lancer un projet immobilier à Majicavo la «Gnoumba ya Musada» (Maison de l’entraide) pour regrouper ses actitités sur un seul pôle et en intégrer de nouvelles.
Après Mayotte, Jean-Jacques Eledjam est parti pour La Réunion. Il doit rencontrer les représentants des Croix et Croissant-Rouge de la région pour évoquer la COP 21, la conférence sur le climat de Paris lors de laquelle l’organisation va jouer «un grand rôle en terme d’organisation et de plaidoyer».
RR
Le Journal de Mayotte
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