Pour trois randonneurs, la balade au Mont Dziani Bolé a viré au cauchemar samedi dernier. Outre le vol de leur sac, l’un d’entre eux s’est fait agresser avec une machette. Il devient indispensable de prendre des mesures.
Les trois enseignants décident de partir vers 8h du matin de Dzoumogné. Ils rencontrent une première fois deux jeunes, ils se saluent. Ils les croiseront à plusieurs reprises, sans se méfier: «Ils n’étaient pas armés, et avaient les visages de jeunes qu’on a l’habitude de rencontrer au lycée.»
Trois heures après, arrivés au sommet du Mont Dziani Bolé, au nord de l’île, les deux jeunes demandent de l’eau, «dès qu’ils ont eu fini de boire, ils ont sorti de derrière leur dos des machettes, en menaçant: ‘Donnez-nous vos sacs’.» Les randonneurs s’exécutent, mais notre interlocuteur qui souhaite rester anonyme, essaie de les raisonner. «J’ai l’habitude de parler aux jeunes», explique-t-il. C’est alors qu’un des jeunes lui porte un coup de machette au visage: «Heureusement, seule l’extrémité m’atteint, me casse quand même plusieurs dents, il y a du sang partout», témoigne l’homme encore sous le coup de l’émotion.
«Je l’ai vu, il était prêt à me tuer», répète à plusieurs reprises notre interlocuteur qui parle d’une agression «fourbe», «il aurait pu viser les jambes ou les bras, mais là, c’était directement la tête.» Ce qui le marque le plus c’est la détermination, «le sang froid et la lucidité avec lesquelles ils ont agi. Ils n’avaient pas les yeux particulièrement rouges, et difficile de dire s’ils étaient sous l’emprise de substances».
L’un de ses amis asperge les deux agresseurs de sa bombe lacrymogène, «ça les a perturbés, on en a profité pour partir». Ayant conservé leur téléphone, ils parviennent à joindre la gendarmerie qui les attend alors à Mtsahara. Ils ont évidemment déposé plainte, mais sans pouvoir identifier leurs agresseurs sur les photos présentées par les gendarmes. «L’enquête est en cours», confirme-t-on du côté de la gendarmerie.
Conduit au CHM par les pompiers, la victime bénéficie de 10 jours d’Interruption temporaire de travail (ITT) pour ses trois dents cassées, «dont une irrécupérable», une lèvre amochée et des douleurs à la mâchoire.
«Je devais y aller avec mes enfants»
S’il nous a contacté, c’est que l’enseignant souhaite que l’information circule, «il aurait pu y avoir mort d’homme. Surtout que je devais y aller avec mes enfants»… Ce n’est en effet pas en taisant ce genre de faits qu’ils vont s’arrêter. La preuve. Une agression nous avait par ailleurs été relatée fin octobre, et selon nos randonneurs, d’autres ont eu lieu la semaine dernière.
Si l’enseignant reprendra son travail au bout des 10 jours d’arrêt, il envisage de mettre un terme à ses trois années d’enseignement à Mayotte à la fin de l’année scolaire: «On nous dit que les plages sont dangereuses, mais c’est pareil pour les sentiers de randonnée.»
Pour prévenir, il est possible de communiquer aux forces de l’ordre son lieu de balade, «les randonneurs peuvent aussi se grouper avec des associations comme les Naturalistes», indique la gendarmerie.
L’enseignant soumet l’idée de la pose de pancartes de mise en garde, «sentier potentiellement dangereux». Certaines plages d’Atlantique sont en effet signalées «dangereuses car non surveillées» en raison des courants, ce qui ne rend pas la région inhospitalière pour autant…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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