A chaque fin de saison sèche, c’est la même inquiétude : quand la pluie va-t-elle tomber et abonder les retenues collinaires ? Pour fournir une population en pleine croissance, le Syndicat des eaux et assainissement de Mayotte a repris ses programmations. La première pierre d’un réservoir d’eau a été posée ce lundi à Sada.
Face aux risques récurrents de pénurie d’eau, Mayotte s’organise. Le vice-président du Sieam, Hassane Abdallah, peignait un paysage plutôt aride de la situation actuelle ce lundi matin, sur les hauteurs de Sada : « alors que l’île est alimentée à 80% par les retenues collinaires de Dzoumogné et Combani, cette dernière est particulièrement basse en raison du manque de pluie. »
On se souvient de la période d’alerte sécheresse en 2011 qui avait nécessité des travaux d’urgence au Sieam de connexion des approvisionnements nord et sud de l’île. Mais cela ne suffit pas : « les 12 millions de mètres cubes produits par l’ensemble du dispositif ne pourront plus assurer notre consommation à l’horizon 2030, notamment en raison de la démographie et de la pression migratoire », poursuit le vice-président.
Compromis de vente pour la retenue collinaire d’Ourovéni
Des projets sont en cours de discussion avec l’Etat, notamment sur la programmation 2014-2020 de fonds européens et de contrat de projet Etat-région. Les services du SGAR Alain Faudon et du Sieam, qui vient de récupérer un nouveau DGS en la personne de Michel Jousset, se sont d’ailleurs rencontrés la semaine dernière : « nous avons abordé les investissements sur l’assainissement du centre de l’île, mais aussi en Petite-Terre, en attendant de pouvoir y débloquer un foncier pour une station d’épuration, » indique Michel Jousset.
La 3ème retenue collinaire de 3,5millions de m3 est évidemment toujours d’actualité à Ourovéni où l’on progresse puisque des compromis de vente sur le terrain ont été signés. La mise en place de périmètres de protection de la ressource est également prévue.
Équipements sous dimensionnés
Ce matin, il s’agissait donc pour la maire de Sada Anchya Bamana de brandir la truelle pour poser la première pierre du futur réservoir de 3.000m3 qui alimentera Sada et le sud de l’île. Inscrit dans le développement général des capacités de productions de l’île, ce projet de réservoir d’eau potable à 4,8 millions d’euros, est financé à 80% par l’Etat et 20% par le Sieam. « Il comprend l’investissement dans une station de pompage associée pour refouler les eaux vers le réservoir placé en amont », précise Fardi Bacar, directeur technique du Sieam, qui envisage une in augurtion de l’ensemble dans un an.
Actuellement, les habitants de Sada sont approvisionnés en eau potable depuis la station de traitement de l’Ouroveni, par les réservoirs de Sohoa et Chirongui. Un équipement « sous dimensionné » avait noté le Schéma Directeur d’Eau potable de Mayotte en 2006.
Il manque 155 millions
Un problème qui date à entendre la maire de Sada, Anchya Bamana qui a rajouté que « l’accès à l’eau potable est en enjeu majeur, beaucoup ne l’ont pas encore ici. Il en va de la santé des habitants. D’autre part, il faut travailler ensemble à des solutions sur l’assainissement. Si le Sieam arrive à assainir Sada, il y arrivera sur l’ensemble de l’île ! L’assainissement est le ciment du développement d’un pays. »
Le Sieam sollicite pour cela un partenariat fort : « il faut encore financer 155 millions d’euros pour boucler tous nos programmes d’ici 2020 », invitait Assane Abdallah. Surtout que l’aménagement ne se fait pas dans le sens souhaité, « avec des habitations qui se construisent de plus en plus haut, en amont des villages, envoyant leurs eaux le lagon », mais aussi vers les rivières, « dégradant de plus en plus la qualité de l’eau qui devient de plus en plus onéreuse à traiter… »
Toujours dans cette programmation d’investissements, une première pierre de la Station d’épuration sera inaugurée à Bandrélé mercredi.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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