Mercredi, le collège de Dzoumogné remettait officiellement et en grande pompe, leurs diplômes du Brevet des collèges et de Certificats de Formation générale, aux meilleurs élèves, ceux qui avaient décroché en juin dernier une mention. Une cérémonie qui réhabilite l’excellence, et marquée par un discours fort du principal Hervé Augier.
Les chaises avaient été bien alignées sur le plateau sportif de Dzoumogné. Mais le soleil de plomb aura eu raison d’une cérémonie qui se voulait bien huilée, avec estrade et arceaux fleuris, et anciens élèves et parents se déplaçaient vers une zone ombragée. Ils étaient venus nombreux les parents, certains ne parlant pas français, pour accompagner leur progéniture.
La vice-recteur Nathalie Costantini avait tenu à cette remise des mentions au Diplôme national du brevet à 164 élèves, et des 54 Certificats de Formation générale : « Beaucoup d’établissement l’ont fait de manière plus intime. La cérémonie d’aujourd’hui a bien sûr une valeur symbolique, mais c’est aussi une façon de réunir les familles et pour elles d’être fières de leurs jeunes. »
Des jeunes actifs
Une jeunesse trop souvent associée aux faits divers à Mayotte, alors que beaucoup se démènent. En témoigne l’association Maoungua Dounia, littéralement « Accueil de la vie », mais qu’ils traduisent par « Construisons notre avenir » : « notre objectif est d’accompagner les jeunes dans les secteurs socio-culturels. Il faut les aider à faire le bon choix », explique son président, Chibaco Anli, dont la fille est scolarisée dans le collège.
Ils espèrent obtenir une autorisation du principal pour dispenser des cours de soutien le soir, et encadrer les jeunes dans l’apprentissage de danses traditionnelles, dont ils feront une démonstration au cours de l’après-midi.
« L’ignorance, le pire des maux »
Les élèves s’avancent un par un et reçoivent diplômes et félicitations du principal Hervé Augier. Mieux, ils auront droit, ainsi que leurs parents, à un discours qu’on croirait sorti d’un autre âge, mais terriblement d’actualité, dont nous vous livrons des extraits : « Nous vous avons souvent dit de travailler, de ne pas bavarder, de ne pas rêver. Pourquoi les adultes vous ont rendu la vie dure alors qu’elle pourrait être si douce ! L’écrivain Nassur Attoumani ne dit-il pas : « Mon enfance n’allait être qu’une absurde compétition, un marathon vers l’âge adulte, oui, mon enfance n’allait être qu’un puits de remontrances. (…)
Ce premier diplôme est la première brique d’une grande construction, d’autres examens seront une mise à l’épreuve de vos connaissances, mais surtout de vous-même. Tout ce que l’on n’apprend pas, on ne le saura jamais. L’ignorance est le pire des maux qui ouvre la voie à tous les endoctrinements, à tous les fanatismes. La nation française a été touchée dans sa chair car ses principes fondateurs sont gênants, Liberté, Egalité, Fraternité. »
Des médecins pour Mayotte
Avant de conclure par une citation du marquis de Condorcet, dans son Recueil « Cinq mémoires sur l’instruction publique », qui souligne notamment que l’instruction permet de ne pas « se soumettre aveuglément à la raison d’autrui ».
Qu’ils s’appellent Hachna, Hambalidime ou Rachadi, âgés de 15 et 16 ans, ils sont tous prêts à relever ce défi du haut de leur classe de seconde au Lycée du Nord. Les deux premiers veulent devenir médecin, quand le troisième veut ouvrir son magasin. Venus avec leurs parents, ils se disent tous les trois, « hyper méga heureux que le principal ait organisé cette événement ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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