Les faits de violence se sont multipliés ces dernières années dans l’île, frappant des randonneurs, des habitants à leur domicile, des entrepreneurs, sans trop de réactions virulentes de la part des élus. Pour l’Etat cette délinquance a été trop souvent “un sentiment”. La population parle aussi de sentiment, mais “d’abandon”.
Nous rapportions hier les agressions dont furent victimes les forces de l’ordre, que ce soit la gendarmerie, avec des caillassages, ou la police, contre laquelle se rebellait un auteur de violence. Tous les jours, des habitants se font agresser, chez eux, dans la rue ou dans leur véhicule. Il aura fallu qu’un homme politique respectable, un vieux de la vieille, le conseiller départemental et ancien secrétaire général de la mairie de Mamoudzou, un mahorais de 66 ans, se fasse rouer de coup pour que les politiques de tous bords réagissent et demandent des comptes à l’Etat.
Le premier à réagir fut, selon sa modération habituelle, le président du département, Soibahadine Ramadani qui, au nom de tous les conseillers départementaux, “exige la plus grande fermeté face à de tels actes de violence et réaffirme sa confiance aux forces de l’ordre, quant à leur capacité à traduire les auteurs devant la justice.”
“Pas de ‘guerre civile'”
Cette nuit, c’est un communiqué du sénateur LR Abdourahamane Soilihi, quasiment le seul depuis le début de son mandat, qui nous est parvenu, où il souhaite “que les auteurs soient traduits devant la justice pour être punis avec la plus grande sévérité”, bien entendu “témoigne de sa solidarité au conseiller départemental en lui souhaitant un prompt rétablissement”, et surtout, “demande, une fois de plus, au Gouvernement de mettre en œuvre tous les moyens appropriés pour lutter efficacement contre cette insécurité qui règne dans notre Île.”
C’est ensuite un mot de la Fédération des associations mahoraises de métropole, dont le président Issouf Saindou estime que “cette agression porte lourdement atteinte à l’image de Mayotte dans l’hexagone et notamment de l’attractivité du territoire”. La FAMM appelle les autorités publiques, les élus et l’Etat, à prendre chacune leur responsabilité pour éviter que Mayotte ne sombre pas dans une espèce de « guerre civile », dont aucune partie n’en sortirai indemne”.
Car il y a deux jours, c’est encore une infirmière qui se faisait arracher son sac depuis sa moto. “Impossible de supporter que les cadres de santé et les fonctionnaires partent un à un à cause de la délinquance”, nous rapportait un syndicaliste. Et pourtant, c’est la réalité. Et les images télévisées du crane ensanglanté de Chihaboudine Ben Youssouf vont peut-être réveiller les volontés.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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