Des lycéens mahorais, plongés dans un multiculturalisme à La Réunion, ont fait valoir leur identité culturelle dans un large échange entre communautés. Quand le respect des religions passe par la connaissance de l’autre.
Décidément, cette Journée mondiale de la laïcité le 9 décembre aura surtout été marquée dans les établissements scolaires. Le principe de laïcité est l’un des acquis fondamentaux de la République depuis que la loi du 9 décembre 1905 a instauré la séparation des églises et de l’Etat.
Une Journée moyennement célébrée jusqu’à présent, mais que les attentats de janvier et du 13 novembre, perpétrés au nom d’Allah, ont remis sur le devant de la scène médiatique. Lors de cette journée, il est donc prévu que les écoles et les médias abordent la question de la laïcité.
A Mayotte, une large fresque murale lui était dédiée la semaine dernière, au collège de Sada. A La Réunion, le lycée Julien de Rontaunay a participé à cette journée, où se sont illustrés des élèves mahorais.
Plus encore que sur notre île, la multiplicité des communautés dans l’île Bourbon avait incité à laisser les lycéens s’exprimer sur leurs identités culturelles. En 2010, des statistiques de l’INSEE montrant que 2% des habitants de l’île Bourbon était natif de Mayotte.
Ce 9 décembre, les élèves d’origine asiatique avaient proposé un atelier d’écriture chinoise, qui côtoyait le même atelier sur l’écriture maghrébine. Les mahorais avaient décidé de proposer un maquillage de tsindzano, alors que leurs voisins indiens, utilisaient le héné. Chaque stand avait présenté un plat traditionnel, il s’agissait de beignets sucrés, « goula-goula » pour Mayotte. Qui a également animé la journée par des danses traditionnelles.
Pour un autre regard
Le proviseur s’est dit très étonné par cette implication des élèves « qui se sont de suite approprié le thème, et ont ainsi affirmé leur identité », nous rapporte un participant. C’est donc par le vecteur du partage de culture qu’est passée la notion de laïcité pour les organisateurs.
La Délégation de Mayotte à La Réunion était également présente et a encouragé les jeunes, « ils étaient très fiers d’exposer leur culture », nous glisse une de ses représentantes.
Comme le montre une étude du Conseil économique et social titrée « Les mahorais à La Réunion, de l’accueil à l’écueil, changer de regard », les populations originaires de Mayotte ne suscitent pas toujours l’empathie de la population réunionnaise. 44% des Mahorais installés à La Réunion se disaient même victimes de racisme, en 2010 selon cette étude. « On peut dire que les jeunes ont dépassé tous les stigmates », conclue notre interlocutrice.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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