CARNET DE JUSTICE DU JDM. Le tribunal correctionnel a jugé l’épisode de violence qui a marqué le début de la grève de la SMART sur le port de Longoni au mois d’août dernier, ce mercredi.
Il était minuit dans la nuit du 18 au 19 août lorsque les agents de la SMART s’apprêtent à déclencher leur mouvement : ils vont bloquer les accès au port.
Le commandant est présent dans l’enceinte portuaire malgré l’heure tardive. Constatant que l’entrée sud est déjà paralysée, il prend son véhicule pour sortir par le portail principal. Il s’arrête pour donner des directives aux agents de sécurité mais un énorme engin de manutention, un stacker, dépose alors un container entre sa voiture et le portail, lui empêchant tout passage. Le commandant sort son téléphone portable, fait une photo de la situation pour la joindre à un procès-verbal.
Une quinzaine d’individus lui tombe alors dessus. Il décrit la scène, d’une rare violence au tribunal correctionnel : «C’est parti dans tous les sens, ils se sont jetés sur moi pour me rouer de coups. Ils me disaient de supprimer la photo. Les gendarmes ne sont pas arrivés à temps. J’ai encaissé les coups jusqu’à un moment où j’ai supprimé la photo.» Les agresseurs l’ont alors laissé reprendre son véhicule, avec un tee-shirt déchiré et des ecchymoses sur tout le corps. Un médecin lui délivrera un certificat d’ITT de 10 jours.
Parole contre parole
Parmi la quinzaine d’individus, seuls trois sont à la barre. Pour ces trois-là, la victime n’a jamais varié dans ses déclarations. Certes, il faisait nuit et le commandant était roué de coups, mais il affirme les avoir reconnu. Une version qu’il maintient devant le tribunal.
Eux, nient farouchement leur participation à la bastonnade et même parfois leur présence sur les lieux au moment des faits. Parole contre parole, il faut donc des éléments extérieurs aux témoignages des protagonistes pour étayer l’accusation. Mais la procureure Prampart doit reconnaître que ces éléments font défaut. «On a un peu l’impression que sur le port de Longoni, c’est la loi du silence. Qui était là, qui a vu quoi… Des gens ont vu des choses mais ne veulent pas parler. Du côté du port comme du côté de la SMART, c’est l’omerta», regrette-t-elle.
Relaxe pour les réquisitions comme la plaidoirie
Dans ces conditions, la procureure constate qu’elle a de quoi forger des convictions mais qu’elle ne peut prouver formellement la participation des trois salariés. Elle requiert la relaxe pour les prévenus.
Me Nadjim Ahamada, l’avocat des prévenus, n’a pas besoin d’en dire beaucoup plus. Evoquant les exagérations du commandant, il plaide les doutes sur la participation des uns et des autres. A son tour, il réclame la relaxe.
La décision est mise en délibéré au 20 janvier mais elle pourrait aller dans le sens d’un apaisement.
L’audience à peine achevée, les mots des uns et des autres allaient d’ailleurs déjà dans cette direction.
Le commandant du port et l’avocat des salariés échangent des mots aimables. Et tous assurent que le quotidien sur le port est redevenu vivable. Le travail des uns et des autres se déroule, semble-t-il, dans de bonnes conditions. Chacun attend maintenant la prochaine échéance et la signature effective d’un accord entre MCG et la SMART, espérant tourner la page de tensions qui auront ponctué toute l’année.
RR
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