Ce week-end, les métropolitains sont invités à visiter les mosquées, une opération portes-ouvertes à l’initiative du Conseil français du culte musulman (CFCM) alors que l’opinion ne cesse de se durcir sur la question de l’islam dans l’hexagone.
Un «thé de la fraternité» pour partager des pâtisseries mais aussi débattre, participer à des ateliers de calligraphie et mettre, souvent pour la première fois, le pied dans un lieu, objet de bien des a priori. Les mosquées de métropole participent à une opération inédite par son ampleur pour «renforcer la concorde et la cohésion nationales» à l’occasion des commémorations des attentats de janvier 2015 contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.
«Au lieu de s’attarder sur les actes tragiques, il nous a semblé plus utile et important de célébrer l’esprit du 11 janvier», la journée de marches citoyennes géantes du dimanche qui avait suivi les attentats, explique le président du CFCM, Anouar Kbibech. L’objectif est simple, «créer des espaces de convivialité et d’échanges» avec les fidèles mais aussi l’ensemble de la population pour tenter de casser les clichés qui font le lien entre la religion et le terrorisme.
Dynamique nationale
D’Orléans à Montpellier, de Quimper à Toulouse, au total 2.500 lieux de culte participent à l’opération et l’ensemble du territoire métropolitain est concerné.
L’objectif de l’opération est bien compris pourtant les sentiments sont parfois mitigés. Ainsi, Riadh Azouni, secrétaire du Conseil des imams d’Isère, ne s’attendait pas à une grande participation. Dans le journal Le Monde, il relevait l’intérêt relatif de certaines visites: «Vous savez, nos mosquées sont loin d’être aussi grandes que les églises. C’est bien de faire visiter lorsque il y a une bibliothèque ou une classe. Mais souvent, ce ne sont que des salles.» Une simple pièce bien éloignée du raffinement des salons de la Grande Mosquée de Paris ou des principaux lieux de cultes musulmans des grandes villes.
N’empêche. Une fois l’opération achevée, certains souhaiteraient réitérer l’initiative mais en la dissociant de la commémoration d’événements dramatiques. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, M’hammed Henniche, de l’Union des associations musulmanes 93, souhaiterait s’impliquer lors des journées du patrimoine pour montrer qu’on «fait partie du paysage et de la dynamique nationale».
L’océan Indien, modèle de vivre-ensemble
Les départements de l’océan Indien ne participent pas à cette opération. A Mayotte, il existe probablement autant de fidèles que de personnes prêtes à faire visiter les mosquées du vendredi ou celles des quartiers, mais la question d’ouvrir particulièrement les portes ne se posent pas, comme à La Réunion. «Cela ne nous concerne pas. Et puis, nos mosquées sont ouvertes toute l’année”, argumente Idriss Issop Banian, président du Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion.
Il note tout de même dans le JIR que les touristes métropolitains sont demandeurs et que ceux qui visitent les mosquées de la Réunion modifient leur perception de la religion. «On a constaté que ces touristes changent de regard sur l’Islam», explique-t-il. Pendant leurs vacances, «les gens montrent beaucoup d’intérêt pour ces lieux de culte, ils sont plus disponibles, donc plus à l’écoute» et les préjugés peuvent tomber.
Alors que l’Union des mosquées de France (UMF) juge urgent de «consolider le vivre-ensemble», à des milliers de kilomètres, Mayotte et La Réunion, souvent citées en exemple, veillent jalousement à préserver leur modèle de société, ouvert et tolérant.
RR
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