Le département présente son schéma départemental de l’autonomie aux différents acteurs intervenant sur les questions des personnes âgées et des handicapés. Une ligne directrice de la politique à mener, avant les choix politiques concrets.
Le département a choisi de rassembler les problématiques des personnes âgées et de celles en situation de handicap dans un même schéma. «La thématique est la même, c’est favoriser l’autonomie de ces personnes», explique Issa Abdou, le 4e vice-président du département qui présentait hier mardi, ce schéma élaboré par un cabinet d’études et les services du CD.
Comité de pilotage, comité technique, réunions, consultations, soutien de l’ARS, pour la cohérence avec le plan régional de santé, la démarche a été méthodique. L’idée est que ce schéma soit partagé et mis en place par tous les acteurs, même s’il est porté par le département.
Pour les aînés, le département veut construire «un nouveau contrat social entre les générations à Mayotte». Le constat est simple : dans le département le plus jeune de France, les personnes âgées doivent retrouver leur place perdue, d’autant que le nombre des plus de 60 ans augmente deux fois plus vite que l’ensemble de la population (+28% entre 2007 et 2014). Le rythme est bien plus rapidement encore pour les très âgées. D’où la volonté de travailler sur la dimension intergénérationnelle.
Cinq piliers
Ce sont 14 problématiques principales classées en «5 piliers» qui ont été établies : le psychoaffectif (moi et mes proches), la vie sociale (moi et les autres), la santé (dans son aspect bien être), l’habitat et les ressources.
La première mesure proposée veut faire rester le plus longtemps possible les personnes âgées dans leur milieu de vie. Elle vise donc à développer une politique pour aider les familles, avec de la médiation, des groupements d’entre-aide et de la formation pour qu’elles comprennent les phénomènes à l’œuvre et puisse y faire face.
Dans le volet social, le document souhaite «exploiter le capital socio-culturel des personnes âgées». Il s’agit de favoriser la mise en place de conseils des sages ou les interventions dans les écoles et surtout, de «développer les lieux d’accueil, d’animation et de rencontres intergénérationnelles pour lutter contre l’isolement géographique et le sentiment de solitude.»
Favoriser la prise en charge
Problème essentiel, la question de la prise en charge est abordée sous tous ses aspects, en particulier celui des transports, des aides à domicile et du développement du dispositif des accueillants familiaux. Le schéma propose également la création d’un «service polyvalent d’aide et de soins à domicile», de lancer une réflexion sur un concept de type «résidence autonomie» qui n’est pas applicable à Mayotte et de créer un réseau gérontologique «villa mahoraise».
Le document contient enfin une série de recommandations qui ne sont pas toutes du ressort direct du département, comme contribuer à revaloriser les revenus des personnes âgées.
Trop d’enfants handicapés sur liste d’attente
Dans le volet handicap du schéma, le département veut aller «vers un accompagnement de droit commun». Et là encore les chiffres montrent l’urgence: 1.334 dossiers passés en commission depuis la création de la maison des personnes handicapées (MPH, devenue MDPH) et en 2015, 900 jeunes concernés par un projet personnalisé de scolarisation (PPS). Mais dans quasiment tous les dispositifs, le nombre d’enfants sur liste d’attente est aussi important voire plus que ceux pris en charge.
Là encore, 10 intentions sont posées qui vont demander à se matérialiser dans des actions concrètes : renforcer le rôle de la MDPH, généraliser le diagnostic précoce du handicap et développer la prévention, augmenter les places «enfants en situation de handicap» dans les établissements, créer des structures d’accompagnement des adultes adaptées aux besoins actuels, former les intervenants.
Le document insiste enfin sur l’insertion (développer l’offre de formation et l’accompagnement des parents dans le suivi de la scolarité de leur enfant), l’accès au droit, l’accessibilité des lieux publics comme de l’habitat et la prévention de la maltraitance.
Plan de bataille
«Nous avons voulu qu’il y ait une structure, une vraie colonne vertébrale avant de nous engager. Nous allons maintenant passer aux orientations pour toute la mandature», indique Issa Abdou. Les mesures devraient être annoncées lors de la présentation de la feuille de route du président Soibahadine Ibrahim Ramadani, dans les semaines qui viennent.
Mais déjà, Issa Abdou l’affirme : «C’est important pour nous, après le schéma médico-social et avant le schéma de la petite enfance qui sera finalisé après le rapport de l’IGAS, (l’inspection générale des affaires sociales). Nous aurons alors fait le tour de la question de la prise en charge de l’humain tout au long de sa vie. Et notre plan de bataille va commencer à se dérouler dès cette année».
RR
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