« Insécurité partout et pour tous, Education nationale en péril, structure hospitalière débordée, fiscalité locale inadaptée à la réalité économique et sociale du territoire, une immigration non maîtrisée, Mayotte et ses habitants sont à bout de souffle », lance le collectif qui tenait une permanence sur la terrasse du M’biwi aux Hauts Vallons.
Et apparemment, ils sont beaucoup à s’être senti concernés : « Nous avons déjà recueilli 800 signatures en 48h, dont une bonne partie en ligne, avec 5.000 comme objectif si on veut sensibiliser Paris », rapporte Tamhami M’madi, qui ne se présente pas autrement que comme un simple citoyen de Mayotte. Les membres du collectif, ruban bleu au bras, « la couleur turquoise qui sied à Mayotte, et sans assimilation politique possible », n’ont pas besoin de s’expliquer longuement sur leur démarche, les passants signent volontiers.
« Vivre sans avoir peur »
« Nous voulons vivre dans un territoire de la République comme les autres, sans avoir peur d’aller à la plage, de se lancer dans une randonnée, de se déplacer tout court », déclare Tamhami M’madi, « Il faut que l’Etat préserve ces libertés fondamentales, sinon, comment inculquer les valeurs de la République à nos enfants. »
Il ne veut pas de discours politisé, ne demande pas des moyens à tout-va, « manifestement plus on reçoit d’argent, plus la situation se dégrade », et s’il cible l’Etat, c’est en raison « de sa compétences à faire appliquer les lois ici. Nous sommes quand même français depuis 1841 ! » Ce qu’il souhaite, c’est que le président Hollande lise le courrier de la pétition, « puisque personne là-haut ne sait ce qui se passe. »
L’exode du vendredi
Quant aux moyens envisagés à travers « Mayotte 2025 », il n’arrive même pas à se projeter : « On nous répond ‘Paris ne s’est pas fait en un jour’, mais en 2025, il n’y aura plus personne ici ! » Il invite d’ailleurs les autorités à se rendre les vendredis à l’aéroport de Mayotte : « Beaucoup de père de famille partent rejoindre les leurs à La Réunion, les familles sont déchirées, se déchirent d’ailleurs. »
Il reproche deux poids et deux mesures en matière de prise en charge de la délinquance, « s’il s’agissait d’un département breton, la réaction serait immédiate. » Il évoque ses sociétés qui supportent des frais exorbitants de sécurisation, et qui doivent fermer dès 17h pour ne pas mettre leurs employés en danger.
Et c’est parce qu’il compte bien rester dans son île, à l’image de tous les signataires, qu’il appelle à se mobiliser avec un but : « Provoquer une réflexion globale de la situation avant même tout prise de décision ou tout effet d’annonce. »
La pétition prend fin le 20 février, et sera envoyée dans la foulée au président de la République. D’ici là, ils tiendront d’autres permanences*.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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