26.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueilorangeDélinquance: la lettre de Chamassi "A ceux qui ont le pouvoir de...

Délinquance: la lettre de Chamassi “A ceux qui ont le pouvoir de décider”

Les forces de l'ordre ont repris la place de Tsoundzou aux jeunes vers 6h20
Déploiement de forces de l’ordre dans un quartier de Mayotte

On ne va pas revenir sur la situation d’une forte démographie, locale et issue de migration, débouchant sur une population de jeunes mineurs, vivant à la fois une attirance de la société de consommation, et un recul de la religion, « laissant apparaître des comportements nouveaux (alcoolisme, drogue, chimique, mangrove) qui influent sur les nouvelles formes de la délinquance juvénile. »

La concentration des étrangers en situation irrégulière « dans certains quartiers où règne en ce moment même une urbanisation sauvage (habitat précaire, construction des bangas en tôles) », pose un problème d’intégration selon Chaharoumani Chamassi, et, « sans être véritablement des zones de non droit, ces quartiers constituent, en particulier la nuit, des terrains aux conditions d’intervention difficiles. Le sentiment d’impunité s’y développe et on a vu en 2011, lors des évènements sociaux liés à la vie chère, des centaines de jeunes s’essayer à la guérilla urbaine avec succès. »

Le policier évoque dans sa lettre “A ceux qui ont le pouvoir de décider” un enchevêtrement de facteurs aggravant : « le tissu associatif très distendu, certains élus locaux déresponsabilisés, la perte d’influence des anciens garants de l’autorité (cadis, fundis, bouenis), auprès des jeunes fragilise le climat social de ces quartiers, qui peuvent voir éclater une explosion de violence sans rapport avec l’objet initial du mécontentement », comme on l’a vu à Tsoundzou 1 récemment, provoquant un décès.
 
« Pas d’anticipation des politiques de sécurité »

Le capitaine Chamassi lors d'une intervention auprès des jeunes
Le capitaine Chamassi lors d’une intervention auprès des jeunes

De plus, les caractéristiques urbaines de Mamoudzou compliquent l’exercice des misions de sécurité publique, « par l’étirement de la zone urbaine le long du littoral très allongée dans le sens nord-sud » et « peu d’éclairage public : la plus grande partie de la commune est plongée dès 18h dans l’obscurité ».
Un état de fait qui n’a pas été anticipé en matière de politique de sécurité : « Les efforts en cours et à venir de recrutement et d’équipements ne rattraperont que difficilement le décalage entre la demande sociale de sécurité et la prestation offerte. Pour autant, la relation police-population reste dominée par une forme de sérénité et de respect mutuel, mais pour combien de temps ?! »

Des solutions, il en a, une dizaine même : « Développer l’éclairage public et les infrastructures routières, Renforcer les effectifs de la justice, et ceux de la police nationale et de la gendarmerie en les stabilisant sur place en leur proposant notamment des véhicules aux vitres renforcées et protégées, Créer une compagnie départementale d’intervention (demande qui date depuis 1996), une police de proximité, Utiliser sur le terrain des policiers en civil, en binôme avec ceux venus de Métropole pour déstabiliser et surprendre les délinquants, Privilégier les concours déconcentrés, Mayotte mériterait d’être classée en zone de sécurité prioritaire, mais vu l’urgence qui s’impose, il faut parallèlement améliorer l’existant. »

Un centre éducatif fermé

Un kwassa en provenance d'Anjouan sur une plage d'îlot Mtsamboro en mars 2015
Un kwassa en provenance d’Anjouan sur une plage d’îlot Mtsamboro en mars 2015

En ce qui concerne les mineurs, il invite à mettre en place un vrai centre éducatif fermé en formant les jeunes professionnellement pour obtenir des (CAP, BEP en maçonnerie, électricien, plomberie etc ..) ou vers une reprise de circuit scolaire : « Cela peut se faire facilement en transformant les anciens bâtiments existants et non occupés  (Maisons du gouverneur de Petite Terre à Dzaoudzi et Grande Terre sur les hauts de Majimbini), et en utilisant mieux l’outil Travail d’intérêt général pour les mineurs

Enfin, il invite à repenser la lutte contre l’immigration clandestine en mettant en place « une coopération technique avec les îles voisines entre services de sécurité, et tout autre service, en privilégiant le transfert rapide d’informations et des délinquants, la création de garde côtes. » Il suggère, et c’est son dada, « le transfert de la base de la marine Nationale de Dzaoudzi à l’îlot Mtsamboro en privilégiant l’accès à l’îlot aux agriculteurs de Mtsamboro », ainsi que la mise en place de vedettes rapides de contrôle et de sauvetage. »
Mais il rappelle qu’un enfant « n’a pas de nationalité, il reste un enfant », « s’il est mal éduqué nous en récolterons tous les conséquences, bien éduqué nous en récolterons tous les fruits », et invite à « une éducation participative. »

Comme le procureur Garrigue ce mardi matin, le capitaine-syndicaliste s’adresse à qui voudra bien l’entendre: Etat, élus départementaux et communaux, parlementaires… mais qui voudra bien les entendre ?

A.P-L.
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

1 COMMENTAIRE

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139511
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139511
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139511
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139511
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139511
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139511
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...