Tous les ans, cahin-caha, Mayotte assure une présence au Salon de l’Agriculture parisien. Si l’année dernière, notre vanille qui devait concourir, n’est pas arrivée à temps, la confiture de Jardin d’Eden remportait une médaille d’argent.
Mais cette année, sous la contraction budgétaire d’un conseil départemental de nouveau sous la tutelle de la Chambre régionale des comptes, les robinets se sont fermés, et le 7 janvier dernier, Mouslim Payet, le président de la Chambre de l’Agriculture de la Pêche et de l’Aquaculture de Mayotte (CAPAM) annonçait le désistement de notre île. Incitant deux de nos parlementaires et la présidente du Comité départemental de Tourisme de Mayotte (CDTM) à monter au créneau.
Fatimatie Bintie Razafinatoandro a en effet défendu la nécessité de diffuser les productions locales « et une image positive de Mayotte », que le CDTM va d’ailleurs pouvoir défendre sur place puisqu’il accompagne cette année le déplacement des agriculteurs. Les vannes ne se sont pas ouvertes pour autant, puisque le budget dégringole de 150.000 euros en 2015 à 60.000 euros cette année. Avec obligation pour la CAPAM de passer par le conseil départemental pour émettre factures et devis.
Un taux de fret prohibitif
Les déplacements se compteront donc sur les doigts d’une main et demie : « 2 représentants des producteurs locaux, à travers la présence de Saveurs et Senteurs de Mayotte, un agent de la CAPAM, un élu, le président Payet et la présidente du CDTM. Nous voulons optimiser les coûts sans passer à côté de l’essentiel », c’est à dire la participation de Mayotte à cette fête agricole.
La réduction de voilure du conseil départemental, a d’ailleurs incité à revoir à la baisse les prétentions : « Nous ne pourrons pas proposer de thématique sur le cocotier et sa reproduction, les déplacements et le matériel étant compté. Nous avons réduit de 1,8 tonnes à 750 kilos nos envois », regrettait Nailaty Boura M’Colo. Les prix du fret sont en effet un frein à tout échange de marchandises depuis et vers Mayotte.
Nos confitures en compétition
Le déplacement de jeunes élèves du lycée agricole a également été annulé, « face à leur désaffection à la sortie des études, nous voulions mettre en avant les avantages du métier. Les mettre en contact avec des producteurs nationaux ou ultramarins, pour qu’ils voient autre chose que les contraintes et puissent se projeter», défend Fatimatie Bintie Razafinatoandro, « mais ce n’est que partie remise. »
Faute de mieux, elle compte bien représenter Mayotte lors du colloque de l’ODEADOM (Office de développement de l´économie agricole des départements d’outre-mer), qui va porter cette année au Salon sur la valorisation des productions ultramarines transformées, « avec nos confitures, nectars ou gelées, nous nous inscrivons complètement dans la thématique générale. » Mayotte va d’ailleurs concourir dans ces 3 catégories.
C’est une femme déterminée qui se saisit du dossier complexe de l’agriculture, des agricultures, à Mayotte : « Je ne vais pas en rester là. A mon retour, je compte regrouper les agriculteurs de l’île pour voir comment optimiser la production et préparer le Salon 2016 avec un maximum d’efficacité. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Inauguration du stand le 29 février à 17h
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