Comme toujours, les photos proposées par la «banque d’images» sont d’une très grande beauté, une sorte de beauté fatale qui interpellent. Car ces images sous-marines mettent en lumière un nouveau phénomène de blanchiment des coraux dans les eaux mahoraises.
«Ces photos date d’hier», jeudi 25 février, explique Marc Allaria, le photographe qui les a réalisées. «Le blanchiment a commencé fin décembre avec un gros coup d’accélérateur depuis fin janvier».
Le blanchissement du corail est un phénomène de dépérissement qui se traduit par sa décoloration, une dépigmentation qui peut l’amener jusqu’à la mort. Actuellement, le blanchissement massif des récifs coralliens des mers chaudes est devenu un problème mondial, mais certaines zones sont nettement plus touchées. En Australie par exemple, la Grande barrière de corail a eu droit à plusieurs épisodes de blanchissement massif comme en 1998 ou 2010 pour ne citer que deux dates marquantes.
Ce sont d’ailleurs ces mêmes années qui ont éprouvé les coraux de Mayotte, au niveau des récifs frangeants, sur le littoral, comme dans les récifs barrières.
Déjà en 2010…
Chez nous, une étude sur l’état de santé des coraux avait été menée en 2013 sous la direction du parc naturel marin (PNM). Les résultats montraient que les récifs frangeants avait subi une très forte mortalité en 2010, mais le bilan sur 10 ans restait positif avec un développement significatif des coraux.
Pour le récif barrière en revanche, la couverture corallienne entre 2004 et 2013 diminuait de près de 16% au profit des algues, un recul lié directement aux phénomènes successifs de blanchissement de 1998 puis 2010. L’étude indiquait que la couverture moyenne en corail mort approchait 70% sur certains sites.»
Une eau trop chaude
«Actuellement, le sud de Mayotte est particulièrement touché. Sur certaines zones, on peut avoir jusqu’à 50% des coraux concernés”, indique Jean-Marie Bouchard, du réseau Reef Check.
“Et ce qui est marquant, c’est que ce sont de petits coraux ou des repousses qui blanchissent. Après l’épisode de 1998, une dizaine d’années s’était écoulé avant un nouveau blanchiment. Les coraux avaient pu se remettre. Cette fois-ci, il ne s’est écoulé que 5 ans», complète Marc Allaria.
Les causes de ce blanchiment sont multiples mais on sait la température de l’océan joue un rôle important. Et elle est actuellement anormalement élevée. «Nous avons une ‘anomalie’ de température de l’eau de mer positive, c’est indéniable», explique Bertrand Laviec de Météo France Mayotte. En revanche, on a du mal à la qualifier. On ne sait pas à quel point la situation actuelle est exceptionnelle».
Un pic dans 3 à 4 semaines
Les températures des océans ne varient pas de façon aussi marquée que les températures terrestres. Résultats, un écart de deux ou trois degrés par rapport aux «normales» est déjà un phénomène très marquant. Bien entendu, c’est une nouvelle fois le phénomène el niño qui est pointé du doigt… En 1998, par exemple, il était déjà responsable de l’épisode de blanchiment avec des eaux bien plus chaudes que les normales dans le Pacifique mais également dans l’océan Indien.
“Aujourd’hui, on est capable de calculer l’évolution des courants et des températures de l’océan. On estime que le pic des températures sera atteint dans 3 à 4 semaines à Mayotte”, précise Jean-Marie Bouchard. Un phénomène qui commence très tôt et qui est parti pour durer assez longtemps… Les inquiétudes sur l’impact de ce nouvel épisode de blanchiment sont largement fondées.
RR
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