Alors qu’on parle encore à Mayotte de halo autour du chômage pour qualifier l’écart entre les chômeurs déclarés et les personnes en âge de travailler non enregistrées au Pôle emploi, c’est le même flou qui prévaut aussi dans le secteur du handicap. La Journée pour l’emploi des personnes handicapées en avait été le révélateur, aucun acteur ne produisant les mêmes chiffres.
C’est pourquoi on attend beaucoup du Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (PRITH) qui vient d’être mis en place à Mayotte. Cofinancé par l’Etat, à travers la Dieccte (ministère de l’emploi), et par l’Agefiph (association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées), il permet de travailler sur 4 axes : la formation, l’emploi, le maintien en emploi et la mobilisation des employeurs.
Il vient de livrer ses premières données chiffrées : 2.300 personnes en situation de handicap sont enregistrées à Mayotte. Et précise que ce nombre est en forte progression, puisqu’on note « 67% d’allocataires adultes handicapés supplémentaires sur les 2 dernières années ». Ils seraient 650 en âge de travailler enregistrés comme RQTH, Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé.
10 ans sans allocation
Ce qui ne représente qu’une petite partie de la réalité des personnes en situation de handicap à Mayotte, toujours selon le Plan. En effet, deux tiers des adultes en situation de handicap ne le déclareraient pas, par manque d’information ou par censure (culturelle ou familiale…), ou n’en bénéficieraient pas (en raison des conditions d’éligibilité comme la durée du titre de séjour…). La communication paraît donc une première étape indispensable.
Un atelier organisé le 17 mars, dans le cadre du PRITH, avec des demandeurs d’emploi en situation de handicap a permis d’en prendre la mesure : l’accès à l’information reste extrêmement fragile et il existe de nombreuses confusions entre prestations « cousines », de la RQTH à l’allocation adulte handicapé en passant par l’Allocation Adulte Handicapé, la carte d’invalidité ou l’obligation d’emploi…
Une personne a dû s’accommoder de son handicap pendant plus de 10 ans, avant d’avoir finalement connaissance de l’AAH par bouche à oreille au sein de sa famille, alors même qu’elle était suivie médicalement.
Faire évoluer l’image du handicap à Mayotte
Une autre, plus chanceuse, a été orientée par son employeur vers la Maison des personnes handicapées pour faire reconnaître son handicap dès lors que celui-ci a généré une gêne au travail. A la suite de quoi des aménagements ont pu être faits en termes de pauses et de limitation de port de charge.
Un autre a été contraint de cesser son emploi de maçon à la suite d’une opération de la main droite et doit aujourd’hui se reconvertir vers un autre métier : agent d’espace vert. Il vient de solliciter la RQTH à l’occasion de sa formation d’accompagnement vers ce nouvel emploi.
En écho, l’assemblée plénière réunissant les 25 participants du PRITH ce 17 mars à la Dieccte a permis d’établir une première série d’actions à mener, qui ont été approfondies en atelier de travail le 18 mars. « Il s’agira par exemple d’améliorer l’acceptation et la déclaration du handicap à Mayotte par des actions de communication ciblées, d’aider les employeurs privés comme publics à mieux intégrer le handicap parmi leurs personnels ou de faciliter l’accès à l’emploi des jeunes handicapés en fin de scolarité », décline le groupement ALOALO AMNYOS.
Des points d’informations seront réalisés régulièrement sur les avancées et résultats de ce nouveau plan partenarial.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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