Il y a bien eu ces quelques averses apportées par une tempête tropicale en janvier, des gouttes d’eau que le grand sud malgache n’avait pas vu depuis le mois de mars 2015, presqu’un an. Mais rien de suffisant pour renverser la tendance. Le sud de la Grande Île fait face à une crise climatique qui réduit à néant les possibilités de cultures, d’élevage et complique l’accès à l’eau et finalement à toutes les ressources normalement disponibles.
Les chiffres sont terrifiants : le programme alimentaire mondial (PAM) estime à 1.138.000 le nombre de personnes qui feraient face au «kere» (la faim). Parmi elles, 475.523 personnes (34% de la population) sont en insécurité alimentaire modérée. Et elles sont 663.484 en insécurité alimentaire sévère! Début février, les ONG ne parlaient «que» de 400.000 personnes.
La situation ne cesse d’empirer et elle s’aggrave rapidement. C’est à présent 47% de la population du grand sud qui est dans la pire des situations alors que la région en est à sa 4e année de sécheresse, un phénomène exacerbé par el Niño.
Il y a un peu plus d’un mois, Benoît Benquet, le directeur d’Action contre la Faim, indiquait déjà que les populations commençaient à vendre leurs biens pour s’acheter de la nourriture tandis que les stocks de fruits sauvages et de feuilles de manioc s’épuisaient sur les marchés.
Réaction timide du gouvernement
Cette fois, le gouvernement commence à parler de «fléau» pour évoquer cette sécheresse et ses conséquences… mais timidement. La capitale ne semble finalement pas si affolée par la situation dans ce sud lointain.
«Suite à l’insuffisance de pluviométrie enregistrée dans le Grand Sud du Pays depuis le début de l’année 2015, la sècheresse persistante a provoquée des conséquences néfaste sur le quotidien des populations et entraîné une dégradation importante sur la situation de sécurité alimentaire et nutritionnelle observée au sein des ménages dans les Régions du Sud», indique sobrement le gouvernement dans un communiqué.
Appel à l’aide international
L’état a chiffré à 69,7 millions de dollars (environ 62 millions d’euros) les besoins pour réagir, faire face à l’urgence et tenter d’initier des réponses de plus long terme. Il s’apprête à lancer un appel à l’aide international très rapidement.
Au-delà de répondre aux besoins immédiats des populations, les ONG mettent en avant les actions de terrain nécessaires pour construire et réhabiliter des réservoirs d’eau ou encore initier des plantations de semences plus résistantes à la sécheresse. Mais alors que la situation traine, on est encore loin de parler «d’urgence nationale» dans le pays.
RR
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