Du 29 mars au 1er avril, les dirigeants de Très Petites entreprises (TPE) accompagnés par la Boutique de gestion BGE ouvrent leurs portes : « A Mayotte, toutes les entreprises que nous accompagnons participent à l’opération, soit 1.100 opérationnelles », explique la directrice de la BGE, Maymounati Ahamadi.
Pour fêter, cette première Semaine des TPE, les élus et les médias étaient invités à découvrir une des petites entreprises montantes, l’institut de beauté Zen&Cocoon en Petite Terre. Plutôt typique de la petite ambition qui devient grande d’ailleurs, qu’incarne Soumaya Jaegle. C’est son passage en Alsace qui nous vaut sa présence à Mayotte : « Une région dont j’ai adoré l’ambiance, mais où le soleil de mon Maroc natal me manquait. »
C’est en Petite Terre qu’elle pose son sac avec son mari Alsacien et qu’elle créé il y a 3 ans Zen&Cocoon, « j’ai démarré avec une cabine de soins pour le visage et d’épilation, ce fut un succès immédiat », se réjouit-elle, tout en faisant visiter son institut, composé de trois cabines de soin, d’un hammam et d’un Salon de thé, « passage obligé après le hammam.
« J’aimerais rester le plus longtemps possible ici »
Les espaces sont de petits bijoux de décoration sur le mode oriental, « j’ai été jusqu’à dessiner moi-même les motifs des mosaïque du hammam. » Car elle dessine Soumaya : « j’ai en effet lancé il y a 6 mois ma marque de vêtement oriental, « Soumaya haute-couture », dont les pièces pour les robes de mariés sont uniques, et que je fais confectionner dans l’atelier de ma mère au Maroc. »
On peut dire que la jeune femme réunit les ingrédients de la réussite : Des premiers pas modestes, une ténacité à tout épreuve qui impulse des synergies d’accompagnements comme celle de la BGE, du conseil départemental ou de l’Adie : « Les difficultés peuvent inciter à baisser les bras, mais j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont donné envie de m’investir. J’aimerais rester le plus longtemps possible ici », appuie la jeune femme dans son discours.
Tanchiki Maore faisait figue d’enfant chéri de la réussite made in Mayotte, « notre success-story mahoraise », lancera Maymounati Ahamadi, au lendemain de son annonce de lauréat au concours de la Fondation MMA de l’entrepreneur du Futur.
Les BGE et Couveuses lancent un cri d’alarme
Le gérant mutliprimé de la société au camions roses MAP, appelle les accompagnateurs à la vigilance : « Les créateurs échouent souvent au premier pallier, à la première grosse rentrée d’argent, ils n’anticipent pas sur leurs dépenses à venir. S’ils étaient systématiquement accompagnés, on endiguerait la chute de 50%. »
Seulement, l’avenir n’est pas rose pour ces structures accompagnatrice : “Je lance un cri d’alarme”, s’exclamait même la BGE, “sans financement nous ne pouvons rien faire”, et ils sont en péril avec un désengagement de la Dieccte au profit de fonds européens difficile à obtenir.
Il n’y a plus de place dans l’administration
Et parce que la meilleure arme contre le chômage, c’est bien l’entreprise qui l’offre, la conseillère départementale Fatima Souffou rappelait « qu’en tant que chargée de l’administration, je veux redire que nous ne pouvons employer tout le monde, ni au conseil départemental, ni à la mairie de Dzaoudzi où je suis adjointe au maire. Nous devons donc pousser les entreprises à exister. »
Un discours qui ne pourra que réjouir les porteurs de projet, sous réserve d’une action concertée, « et pas en solo », mettait en garde Tanchiki Maore, « Zidane n’est bon que parce qu’il y a des défenseurs efficaces. »
Plusieurs chefs de petites entreprise revenaient sur la logique de leur réussite. C’est le cas de Noëline Piraud, Talents 2014 pour son entreprise « Noëline agencement ». Une jeune femme qui écume les chantiers pour élaborer, à partir d’un plan, l’agencement dont rêve le propriétaire : « Je favorise les corps de métier mahorais et propose qu’un label ‘made in Mayotte’ soit étudié. »
Ils savent qu’ils n’ont d’autres choix que de trouver des pistes pour réussir : « Que ça aille ou pas sur le territoire, moi je reste là », déclarait Tanchiki Maore.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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