Heureusement, la presse métropolitaine ne sait pas réellement ce qui se passe dans le centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte! Car si elle s’est très logiquement émue de la situation d’un petit garçon de 8 ans bloqué dans la zone d’attente de Roissy, elle aurait de quoi proposer très régulièrement des Unes bien plus émouvantes, avec des mineurs confrontés à des situations très injustes et très critiquables au regard du droit à Mayotte.
Quoi qu’il en soit, les médias nationaux ont suivi de près l’affaire de Roissy, et ont relaté la décision de justice rendue hier vendredi. L’enfant comorien âgé de 8 ans, retenu depuis 12 jours en zone d’attente à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, est autorisé à rester en France.
Le juge des libertés et de la détention (JLD) du tribunal de Bobigny, qui a entendu l’enfant vendredi matin, «a reconnu qu’il n’y avait aucune garantie sérieuse de prise en charge aux Comores», sa mère ne pouvant subvenir à ses besoins, a expliqué en substance une responsable de l’association Anafé (Assistance nationale aux étrangers aux frontières) à la presse métropolitaine.
Le parquet devait ensuite trancher une autre question: décider de confier l’enfant aux services sociaux ou à sa famille qui vit en métropole. Hier après-midi, le procureur a finalement décidé de le placer auprès de sa tante en attendant que le «juge des enfants s’assure notamment des conditions d’éducation et de sa scolarisation», selon l’avocate du garçon, Me Catherine Daoud.
Une affaire de «Look-like»
L’histoire a débuté le 21 mars dernier avec l’arrivée de cet enfant, seul à Roissy à bord d’un vol Air France. Problème, il s’agit d’un cas de «look-like», il ne voyage pas avec son passeport mais avec celui d’un autre, lui ressemblant. En l’occurrence, il s’agit du passeport de son cousin. Le petit devait rejoindre sa tante qui a été brièvement placée en garde à vue après avoir tenté de se faire passer pour sa mère.
La manœuvre déjouée par la police aux frontières (PAF), l’enfant est alors placé en «zone d’attente» à l’aéroport, le temps que les policiers effectuent les vérifications nécessaires. Mais la situation va s’enliser.
L’ambassade de France aux Comores va bien retrouver la mère du garçon qui accepte de reprendre son fils. Logiquement, la justice française demande alors le maintien en zone d’attente de l’enfant, le temps d’organiser son retour.
Hier vendredi, il est effectivement monté dans un avion accompagné d’une escorte policière. Mais le commandant de bord aurait refusé de décoller face aux pleurs et aux cris du petit garçon qui a finalement été débarqué. Son maintien sur le sol français «s’est vraiment joué à rien», a indiqué l’association Anafé.
Incitation aux trafics?
Le Défenseur des droits Jacques Toubon «se réjouit» dans un communiqué du maintien du petit garçon en métropole et il «s’interroge également sur la décision qui aurait été prise de tenter de le réacheminer (le) matin-même vers les Comores». Saisi de la situation depuis plusieurs jours, il explique avoir «alerté les autorités compétentes» et s’être «indigné de l’enfermement de ce si jeune enfant, en violation de la Convention relative aux droits de l’enfant».
Le préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, tient, lui, un tout autre discours affirmant «regretter cette situation». Il estime dans un communiqué qu’«il a été fait obstacle à l’application de la loi républicaine» et qu’«un enfant est désormais durablement séparé de ses parents biologiques».
Pour lui, «cette situation constitue un signe d’encouragement au développement de filières et de trafics préjudiciables aux droits des enfants».
Entre les Comores et la France, il existe malheureusement déjà tant d’autres facteurs qui sont «préjudiciables aux droits des enfants»…
RR
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