Ils sont deux à avoir eux l’idée d’écumer les terres australes et antarctiques françaises (TAAF) en 2012. Stéphanie Légeron, directrice de publication de Mayotte magazine, a alors mis son support en stand-by, et Bruno Marie, Editions du Baobab : cap sur les Kergelen et sur la Terre Adélie.
L’aventure avait pourtant mal commencé : alors qu’ils venaient d’obtenir en 2012 du préfet des TAAF une convention les autorisant à se rendre dans tous les sites du territoire qu’il administre, le Marion Dufresne subit une avarie : « C’était notre premier voyage dans le district. Le navire ravitailleur à bord duquel nous naviguions a percuté un récif sous marin au large de l’archipel des Crozet, à 4 jours de mer de La Réunion, au sud de l’océan Indien. » Une voie d’eau se déclare à l’avant, ses 97 passagers sont alors évacués sur la base d’Alfred Faure, sur laquelle ils resteront 9 jours avant d’être rapatriés.
Carte blanche du préfet des TAAF
Les deux reporters sont partis de rien, « nous avons tout financé avec nos économies, et des préachats du livres par des partenaires comme l’Agence des aires marines protégées, la Compagnie maritime des terres australes, Météo France métropole, le Ministère des outre-mer, l’Ademe, Véolia, le Conseil général de La Réunion et la Fondation Crédit agricole Réunion-Mayotte. »
Du sans filet, « on nous a fait confiance sur la base de nos réalisations menées à Mayotte », le préfet des TAAF, Christian Gaudin et son directeur de cabinet Sébastien Mourot, nous ont alors mis à disposition l’avion pour les Iles Eparses, le Marion Dufresne et l’Astrolab. Un livre, « Rencontres australes », avait déjà été publié sur cette région, « mais sans les Iles Eparses, rattachées aux TAAF en 2007. »
Ils ne comptent ni leur temps, ni leur argent pour produire 448 pages, là où la commande portait sur 250 pages, « c’est une histoire de passion. »
Une île grande comme la Corse, et sans arbre
Une passion qui mène Stéphanie et Bruno en escale sur les 5 districts qui composent les Terres australes et antarctiques françaises. Le premier nous est le plus familier puisqu’il s’agit de celui composé par les Iles Eparses, îles coralliennes essaimées autour de Madagascar : Les Glorieuses, contiguës au Parc Naturel marin de Mayotte, Juan de Nova, Bassa de India, Europa et Tromelin.
L’archipel volcanique des Crozet forme le 2ème district, et celui des Kergelen le 3ème : un nom qui fait rêver, « mon préféré », appuie Stéphanie Légeron qui décrit une nature sauvage « balayée par le vent, sans arbre, sur une île grande comme la Corse, et sous 0° quasiment toute l’année. » 120 personnes y vivent l’été austral, 50 en hiver, « des scientifiques, c’est alors un gros village subantarctique, mais vous êtes coupés de tout quand le bateau s’éloigne. » Certains posent des balises sur les éléphants de mer, d’autres prélèvent des échantillons, et si vous voulez savoir ce que sont devenus les rennes introduits dans les années 50, ou bien où se trouve le deuxième Golfe du Morbihan du monde, il faudra feuilleter leur livre !
Au nord-est, Saint Paul et Amsterdam forment le 4ème district, « comme un demi-volcan au cratère immergé », et sur le continent Antarctique, la Terre Adélie boucle les 5 districts, « avec la base Dumont d’Urville. »
Terres de rêve et de passions
Sorti le 27 janvier dernier en métropole, « préfacé par Nicolas Hulot », il est arrivé en mars à La Réunion et à Mayotte, et présenté ce mardi aux médias réunionnais, bientôt à Mayotte. Et c’est déjà un succès, vendus à 4.500 exemplaires, « dont 2 .000 étaient en préachats », il est déjà en réédition.
Et en tête des ventes à la Fnac et sur le site Amazon, où il est possible de le commander. Le Grand reportage d’avril lui consacre un grand sujet, Thalassa en a parlé, c’était le livre de la semaine le 24 février pour l’Express, et ce week-end, ils auront les honneurs du JT de La Réunion.
Comment expliquer cet engouement ?! « Les TAAF sont des terres qui suscitent beaucoup de passions, elles symbolisent le rêve, l’outre-mer le plus sauvage de France, une terre de sciences, la collectivité la plus insolite, sans élus ni habitant ! », continue à s’enthousiasmer Stéphanie Légeron, un tantinet dépassée par ce succès, « on ne pensait pas que ça atteindrait ce stade. »
Pour les passionnés fortunés, il est possible d’embarquer pour une croisière sur le Marion Dufresne. Sinon, vous pouvez toujours commencer à rêver pour 45 euros (56,25€ à Mayotte) avec « Escales au bout du monde » ou sur les photos de leur page facebook.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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