S’ils sont peu visibles c’est qu’ils sont dans la mangrove ces passionnés de nature qui ont répondu à l’appel de l’association des Naturalistes de Michel Charpentier, plutôt satisfait de la mobilisation : « Une centaine de personnes, de tous les horizons sont réparties sur la portion de littoral, entre le départ des amphidromes, et le marché sauvage de vêtement. »
Il est moins enthousiaste par contre sur l’implication de la mairie de Mamoudzou : « Ils ont mis un camion et leur main d’œuvre à disposition pour le ramassage, mais ne sont pas intervenus sur les vendeurs à la sauvette. Or, leurs abords sont les plus sales. Sacs et sangles d’emballage des vêtements, dont certains sont à moitié enfouis sous le sable. »
En attente d’une décision de la mairie de Mamoudzou
Des vendeurs qui sont sur deux niveaux : un marché spontané, qui s’est installé sur les bords de route, entre amphidromes et rond point SFR, et un autre, presque sous terrain, tant les branches de palétuviers les cachent, en contrebas des amoncèlements rochers. Lorsque nous nous y glissons avec le patron des Naturalistes, les vendeurs replient leurs ballots et nous font comprendre que la mairie leur a demandé de quitter les lieux, « mais on pourra revenir demain », nous font-ils comprendre dans un français incertain.
La mairie avait reçu ordre l’année dernière, par un jugement du tribunal administratif de trouver un nouvel espace à ces vendeurs qui étaient auparavant installés sur ce qui est maintenant un parking à voiture. Mais ils se sont réinstallés d’eux-mêmes.
Hamaha exceptionnellement ouverte
Pendant ce temps, ça ramasse à tour de bras, en ramenant de la mangrove des objets parfois volumineux : « Ils seront ramassés par Enzo, tandis que les déchets le sont au fur et à mesure par la mairie, histoire que les sacs ne stagnent pas sur la voie publique. » Parmi ces montagnes d’objets, certains devront être retirés avec un outillage plus performant: “C’est le cas des vestiges de l’usine sucrière de Kawéni”, trois énormes blocs qui gisent sur la mangrove.
Les déchets partent vers le quai de tri du SIDEVAM, « qui a joué le jeu puisqu’ils ont ouvert Hamaha rien que pour nous alors qu’elle est habituellement fermée le samedi », souligne Michel Charpentier. L’ARS et la DEAL sont partenaires pour avoir fourni masques et gants.
Symphonie de la mangrove avec les crabes
« Quelques jeunes de Kawéni, dont le président de l’association AJKE ont également répondu présents », indique Julien Gauquelin, qui l’a initiée. Renforcés par une dizaine de « jeunes vigilants », toujours de Kawéni, tout nouveau concept de l’avocat Elad Chakrina, du COSEM, qui font ici leurs armes.
Sur le chemin, toujours au milieu de la mangrove, constituée de palétuviers rouges ici », nous croisons deux jeunes, gants à la main, mais le regard fixé sur le sable : « Ce sont des crabes violonistes, qui ont une pince plus grosse que l’autre. On les a vus à la télé sur Ushuaia ! »
Un rapprochement de la nature pour tous, donc, mais qui risque d’être de nouveau souillée le lendemain. L’opération nécessite une énergie que Michel Charpentier n’est pas certain de reconduire, « nous allons en tirer un bilan et voir comment sensibiliser durablement les élus. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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