Elle peut être huppée ou élégante mais les nôtres sont plutôt voyageuses. Les Sternes font parties de notre environnement et elles peuvent être impressionnantes lorsqu’elles sont rassemblées par milliers sur un îlot de sable. «On considère que Mayotte abrite 10.000 sternes voyageuses, c’est le maximum d’individus qu’on a pu compter en une seule fois. Et selon les critères internationaux, Mayotte est un site d’importance internationale avec pas moins de 26% des effectifs de l’espèce dans la zone géographique», explique François Jeanne, du GEPOMAY, le Groupe d’étude et de protection des oiseaux de Mayotte.
Compter les oiseaux, c’est donc un drôle de métier mais cette mission est absolument essentielle. Par bateau, avec du matériel optique pour voir le nombre d’animaux et les espèces, et par ULM pour photographier les sites et ensuite définir les individus présents, ces opérations sont essentielles.
«De décembre au mois de mai, les sternes ne viennent pas à Mayotte pour se reproduire mais au contraire pour se nourrir et se reposer. Ca correspond à leur hivernage. On les compte donc deux fois par mois pendant cette période parce que c’est un oiseau très intéressant qui est un excellent indicateur de l’état du milieu naturel». Les sternes nous disent donc, sans le savoir comment se porte notre littoral. Ce comptage fait d’ailleurs partie du plan de gestion du Parc naturel marin.
De plus en plus dérangées
A Mayotte, la Sterne voyageuse est celle qui est présente en plus grand nombre mais ce n’est qu’une des 14 espèces de sternidés recensées chez nous. Le Noddiba, une sterne noire, est également très nombreuse (environ 8.500 individus soit 9% de sa population dans la zone). Ensuite, on tombe sur des petits effectifs comme ceux de la fameuse sterne huppée dont on ne compte que 200 individus à Mayotte, soit 3% des effectifs de la région.
«Ce suivi est également très important car on sait aujourd’hui que l’impact de l’homme sur le milieu est de plus en plus fort à Mayotte», précise François Jeanne. Sur les îlots de sable, par exemple, les bateaux sont parfois très nombreux à accoster et à déverser leur lot de plaisanciers. «Le danger, c’est de voir les sternes choisir d’autres lieux que Mayotte pour venir se reposer si le dérangement est trop fort avec un risque de déséquilibre du milieu.»
Limiter l’accès des îlots?
Le GEPOMAY a planché d’ailleurs sur un rapport sur le sujet pour la DEAL dans lequel il préconise une très grande limitation de l’accès aux îlots de sable pendant cette période d’hivernage des sternes.
Nous connaissons un précédent avec la disparition de Mayotte de la sterne Diamant. Observée et même comptée jusqu’en 2004 avec 75 individus, elle n’est plus visible chez nous, sans que l’on sache si l’action de l’homme est à l’origine de ce changement d’habitude.
Les deux prochains comptages de sternes sont prévus dimanche prochain, le 17 avril à la vasière des Badamiers (ouvert à tous) et le dimanche suivant, le 24 avril, par bateau, uniquement pour les adhérents.
RR
www.jdm2021.alter6.com
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