«La vie doit reprendre». L’affirmation est signée de l’UNSA qui espère que les barrages «soient pour tous un mauvais souvenir». Mais du côté des syndicats, la vie ne s’est jamais vraiment arrêtée comme le démontre le communiqué envoyé par l’organisation, une nouvelle illustration des petites amabilités que n’hésitent pas à s’envoyer les différents syndicats. Cette fois-ci, c’est l’UNSA qui tape en présentant «une autre version de ce qui s’est passé vendredi à Paris» et son «analyse du relevé de décisions signé par nos camarades».
Car le syndicat s’étonne «de la satisfaction des leaders de l’intersyndicale d’un relevé de décisions qui n’est en fait qu’un calendrier…» alors que durant les 3 semaines du conflit, l’intersyndicale «avait affirmé qu’elle ne se contenterait pas de dates de réunions parisiennes.» L’UNSA indique perfidement espérer «que ce ne soit pas un nouveau calendrier de grèves à venir…»
Ce bilan des discussions, l’UNSA peut le critiquer d’autant plus facilement qu’elle n’a pas pu prendre part aux échanges. Alors l’organisation syndicale avait été convoquée et certains de ses membres avaient fait le voyage depuis Mayotte, l’intersyndicale «refusait de siéger si l’UNSA participait à la négociation».
Une audience en bilatéral
Alors que dans le cadre d’une négociation nationale, les organisations syndicales élues au conseil national de la fonction publique doivent être présentes, l’UNSA indique avoir accepté de quitter l’assemblée «dans un souci de ne pas compromettre les efforts de tous pour sortir Mayotte de cette crise».
C’est donc samedi après-midi, que le syndicat a été reçu en audience par le directeur de cabinet de la ministre des Outre-mer, l’occasion d’évoquer «3 sujets non abordés par l’intersyndicale».
Tout d’abord, les «moyens attribués aux forces de l’ordre», tant humains que matériels, une urgence pour le syndicat. «Pour l’UNSA, il faudrait 3 fois plus d’hommes et de moyens pour contenir l’insécurité, l’immigration» à Mayotte. Le Ministère des outre-mer n’est pas décisionnaire sur cette question mais aurait promis d’«enclencher des décisions rapides» sur «la question du matériel inadapté».
Prévention et minima sociaux
Ensuite, le syndicat a parlé des «moyens attribués à la politique d’encadrement de la jeunesse désœuvrée et de la prévention de la délinquance». Une réunion au cabinet du Premier ministre est prévue le 26 avril avec les élus mahorais. Alors qu’il sera question des finances, de la fiscalité et des prérogatives des collectivités, «la question de la prévention de la délinquance sera une priorité du Premier ministre».
Enfin, l’UNSA a demandé une «reprise du décret» du 14 avril qui enclenche une augmentation des prestations sociales dans tous les DOM… sauf à Mayotte. «Le directeur de cabinet nous a affirmé que cette correction serait faite courant juillet», indique l’UNSA.
Pas d’illusion sur l’indexation
Concernant le relevé de décisions, s’il reprend «très exactement l’agenda convenu le 29 septembre 2015», l’UNSA y voit «3 nouveaux points marquant une possible évolution»: la possible prise en compte des ancienneté de service avant la date de 2009, la possible fiscalisation sur le taux des revenus exceptionnels de l’indemnité d’éloignement (IE) et de l’indemnité de sujétion géographique (ISG) ce qui représente une différence de quotient de 20 points et donc un geste pour l’attractivité, enfin, «la possible décision politique de dire que les ex-CDM doivent être reconnus dans leur droit à une retraite complète, malgré des cotisations insuffisamment versées»… Mais il faudra convaincre la caisse de retraite.
Au final, l’UNSA se félicite que le dialogue social soit «réenclenché» mais reste sceptique sur la question de l’indexation. «A l’heure où l’INSEE rapporte que la cherté de vie n’est que de 6,9% supérieure à Mayotte à la métropole, où la cour des comptes préconise de faire tomber l’indexation à 10% pour les DOM, l’UNSA ne cherchera pas à illusionner ses adhérents ou ses sympatisants. L’échéance des présidentielles n’y changera pas grand chose, nous le craignons. Personne n’est dupe.»
L’organisation aura l’occasion de défendre sa vision des choses aux prochains échanges avec le gouvernement. Il est convenu qu’elle revienne autour de la table.
RR
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