Cela faisait très longtemps que l’association Oulanga Na Nyamba, qui travaille sur les tortues marines de notre département, avait organisé de conférence. Pour toucher le grand public, elle se concentre habituellement sur les sorties de pontes ou sur les opérations de retour à la nature des tortues sauvées et soignées. Mais elle souhaite aussi par ce biais approfondir les connaissances données à chacun d’entre nous.
Car le sujet des tortues marines dans notre département est quasiment inépuisable. Deux espèces sont présentes dans nos eaux. Les tortues vertes et les tortues imbriquées dont les populations ont un double comportement. Certaines vivent dans nos eaux et partent pondre dans d’autres territoires. D’autres, à l’inverse, ne passent que 3 ou 4 mois à Mayotte, le temps de leur cycle de reproduction. «Nous avons beaucoup de chance à Mayotte. Nous avons à la fois les populations qui viennent pondre et celles qui vivent sur place. Nous avons aussi des tortues vertes toute l’année, ce qui est très très rare», souligne Jeanne Wagner, l’ancienne présidente et toute nouvelle secrétaire de l’association.
Un cadre idéal sous pression
Il faut dire que Mayotte représente un cadre bien adapté pour favoriser cette présence. Nos plages sont nombreuses et facilement accessibles et nos herbiers sous-marins, qui leur fournissent leur alimentation, ne sont pas encore trop dégradés.
Une étude en cours du Parc naturel marin (PNM) permettra d’ailleurs dans quelques mois de connaître l’évolution de cette végétation sous-marine qui subit de nombreuses pressions. «Les herbiers sont des milieux très fragiles qui sont par exemple très sensibles à des modifications de la qualité de l’eau qui les impacte directement», relève Jeanne Wagner. La précédente étude de ce type remonte déjà à 2005. Une dizaine d’année après, nous connaitrons donc leur état.
Pas encore de liste UICN à Mayotte
On sait que les tortues sont très nombreuses à Mayotte, sans pour autant être capable d’estimer leur nombre. On compte des milliers de pontes chaque année sur notre littoral et sur la seule zone de Ngouja, elles seraient plusieurs centaines de tortues quasiment sédentaires. Pour autant, pas question de rester avec la fausse impression que tout va bien pour elles! «Les tortues marines sont en danger à l’échelle de la planète et toutes les espèces sont concernées», précise Jeanne Wagner. «A Mayotte, on ne peut pas encore se prononcer précisément. La liste rouge de l’UICN n’est pas encore établie. Mais ça fait partie des projets.»
Cet état des lieux semble effectivement important car les tortues de Mayotte sont de plus en plus confrontées à de nombreuses sources de pollution, de véritables dangers vitaux pour elles. Elles peuvent ingurgiter les déchets plastiques. Elles peuvent aussi tomber sur du verre ou des cannettes lorsqu’elles creusent pour pondre et c’est tout le processus qui s’interrompt alors.
40 ans pour connaître l’impact du braconnage
Autre danger, avec la présence toujours plus importante de bateaux: se faire percuter par une embarcation. Ce jeudi matin d’ailleurs, le parc marin a recueilli une tortue mâle avec une carapace fracassée. L’association va la loger dans ses bassins et travailler avec les vétérinaires locaux à son rétablissement. Ce qui donnera probablement lieu à une opération de sensibilisation lors de sa remise dans les eaux du lagon.
Mais la principale inquiétude reste le braconnage. «Les tortues ont une maturité sexuelle très tardives. Il faut de 15 à 40 ans pour qu’elles commencent à se reproduire. Ce qui veut dire qu’on ne verra que dans plusieurs dizaines d’années l’impact des braconnages actuels», souligne Jeanne Wagner. Pour les tortues, tout est donc question de long terme. Rendez-vous ce soir au 5/5 à partir de 17 heures pour en savoir plus.
RR
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